Plusieurs pays africains ont boycotté la conférence de LaghouatLe pouvoir algérien vient de découvrir subitement que des courants soufis existent dans son pays. En effet, le ministre algérien des Affaires religieuses, Bouabdallah Ghoulamallah, a organisé du 23 au 24 novembre à Laghouat, à 400 kilomètres au sud d'Alger, une conférence internationale sur la Tariqa tijania, l'une des plus grandes confréries soufies au monde, avec 350 millions d'adeptes, dont le rayonnement international s'est fait à partir du Royaume.Cette rencontre qui voulait se présenter sous un caractère “spirituel” a vite tourné à la récupération politique.Ainsi, le ministre algérien des Affaires religieuses a trahi les velléités d'Alger en soulignant le désir de son pays d'organiser annuellement une rencontre sur son sol afin de confirmer que sidi Ahmed Tijani “est bel et bien né dans le Sahara algérien”. Le ministre s'est même permis de qualifier de “malentendu familial” les deux prétendues “tendances qui traversent la Tariqa”, et qui n'existent que dans son imagination. Ces déclarations, ainsi que “l'intérêt empressé et récent” porté à cette confrérie par le président Bouteflika, qui se découvre une fibre soufie sur le tard, démontrent les manœuvres sournoises qui visent à contrôler la Tariqa afin de l'utiliser à des fins politiques et de jeter le trouble sur les relations séculaires qu'entretiennent les adeptes avec la ville de Fès, berceau et sanctuaire de la confrérie.D'ailleurs, ayant flairé la supercherie, plusieurs grands dignitaires de la Tijania ont boycotté la conférence de Laghouat.C'est le cas du doyen de la grande Zaouïa à Oum Darman au Soudan, Ahmed Moussa Zine Al Abidine, qui s'est élevé contre les tentatives d'instrumentalisation des valeurs de la Tariqa tijania.Rappelant dans une lettre publiée par le journal “Assoudani” que Cheik sidi Ahmed Tijani était d'origine marocaine, de par son appartenance à la tribu des Abda.Selon plusieurs observateurs, les autorités algériennes ont subi un revers cuisant puisque plusieurs pays africains invités à la conférence ont préféré s'abstenir. En effet, sur les 600 participants attendus, seuls une centaine ont répondu présents et n'ont d'ailleurs pas raté l'occasion de souligner le volet strictement spirituel de leur participation. Dans ce sens, le président du Centre islamique du Sénégal, Aïne Techam, chef de file de la Tariqa tijania dans son pays, a affirmé que la participation de la délégation sénégalaise se résumait “ au seul volet spirituel et ne saurait être comprise comme une caution politique ”. De l'aveu même de la presse algérienne, l'organisation de cette rencontre fut un échec patent autant par la cacophonie organisationnelle que par la faiblesse des débats. A ce propos, le journal « Al Fajr » a révélé que les adeptes de la confrérie ont été fortement indisposés par la présence à la rencontre de Laghouat de hauts cadres et responsables du FLN. Certains d'entre eux ont même dénoncé la volonté du parti au pouvoir de faire passer sous sa coupe la Tariqa.
(le matin)
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