Saturday, November 18, 2006

Algérie: la corruption s’est institutionnalisée

Le porte-parole du parti affirme détenir des informations selon lesquelles les derniers attentats sont le résultat d’une alliance tacite entre le terrorisme et la mafia de l’argent sale.
«Je plaide pour la levée de l’immunité qu’elle soit politique, diplomatique militaire ou parlementaire, pour juger les corrupteurs où qu’ils soient, à commencer par le MSP s’ils en existent», a lancé jeudi M.Soltani Boudjerra dans son discours prononcé lors de la deuxième rencontre nationale des structures de son mouvement. Catégorique, le ministre d’Etat a émis des réserves sur l’opération «mains propres» engagée par le gouvernement sous l’égide du président de la République tout en dénonçant la démarche très sélective de l’appareil judiciaire. «Ce dont l’Algérie a le plus besoin, c’est la mise en application effective de l’arsenal juridique concernant la lutte contre ce phénomène. Malheureusement, c’est loin d’être le cas aujourd’hui» a-t-il déploré.Loin de s’arrêter à ce stade des révélations, il affirme en termes à peine voilés que les véritables protagonistes de la corruption qui gangrène les institutions de la République sont bien protégés. Et d’ajouter que les noms que les médias rapportent dans leurs éditions ne sont en vérité que «les boucs émissaires». Ce cas s’applique aux scandales financiers. «Des crédits ont été débloqués au profit des investisseurs de façon souvent contestée et douteuse. Souvent, c’est le responsable de l’agence bancaire qui est pointé du doigt par la justice. Mais l’opinion publique ne sait rien sur la personnalité qui a donné l’ordre de débloquer le crédit», a-t-il soulevé. Tel devrait être le véritable enjeu de la lutte contre la corruption, selon Boudjerra Soltani. Cette mission revient à l’Etat. «Les partis politiques ont un rôle de sensibilisation. Ce sont les institutions de l’Etat qui doivent user de leur pouvoir répressif afin de mettre fin à cette situation», préconise Soltani qui met en garde contre la propagation de ce fléau tout en faisant le parallèle avec les derniers «attentats» survenus à Alger. «Il n’y a pas de doute que ces actes criminels sont le résultat d’une alliance tacite entre le terrorisme et la mafia de l’argent sale», a-t-il soutenu. Approché en marge de la conférence, ce dernier a affirmé détenir «des informations précises qui appuient cette thèse».Jeudi, le président du MSP est revenu très brièvement sur la révision de la Constitution, en estimant que le texte actuel est «acceptable», sans toutefois s’étaler sur sa propre vision.Par ailleurs, le MSP ne compte pas retirer son projet de loi portant levée de l’état d’urgence déposée au niveau de l’APN. C’est du moins ce qu’a laissé entendre le porte-parole du parti. «On estime que rien ne motive le maintien de cette mesure d’exception», mettant en doute les arguments «sécuritaires» évoqués par le gouvernement. Sans aller jusqu’à plaider pour l’amnistie générale, Soltani a, toutefois, estimé que la réconciliation nationale est un «processus et non une mesure qu’on décide», appelant le président de la République à recourir à l’article 47 de la charte pour la paix, afin de décréter des nouvelles mesures permettant d’établir une paix définitive en Algérie.S’agissant du front social, le président du MSP a mis en avant les réalisations accomplies en 2006, à savoir l’augmentation des salaires et la prise en charge des retraités, saluant les efforts entrepris par l’Algérie en faveur du remboursement anticipé de la dette extérieure, «expression de la souveraineté nationale». Il a défendu, néanmoins, que les efforts restent insuffisants. «L’Etat, pense-t-il, doit s’engager davantage au profit des tranches sociales les plus démunies, à l’image des handicapés, les aveugles et les chômeurs». Mais force est de constater que les députés du MSP ont rejeté, à travers leurs abstentions, toutes les mesures sociales prévues dans la loi de finances 2007 et proposées par les députés de l’opposition. Don’t act.
(L'Expression, 18/11/2006)

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