La petite ville de Bir-Ould-Khelifa sur la RN14 entre Khemis-Miliana et Teniet-El- Had a vécu mardi dernier un vif mouvement de contestation populaire. En effet, dès 8h du matin, de nombreux jeunes de la commune se sont massés au centre-ville occupant la chaussée et ont fermé la circulation automobile en installant des barrages avec des blocs de pierres obligeant les usagers de la route à faire tout un détour pour rejoindre la sortie sur la RN 4.Ceci pendant qu’un autre groupe de jeunes est allé à la mairie et a fermé le service public interdisant l’accès au personnel et au maire. Les choses sont restées en l’état mais le nombre de contestataires n’a pas cessé d’augmenter au fur et à mesure des heures, jusqu’à devenir une foule compacte composée principalement de jeunes et des écoliers mêmes avec leurs cartables sur le dos qui ne se sont pas gênés de jeter des pierres et briser quelques vitres du CEM Djamel Eddine-El-Afghani au centre-ville. Ceci pendant qu’un autre groupe de jeunes a tenté de faire évacuer l’établissement. Ce qu’ils n’ont pas réussi grâce à l’intervention de l’équipe d’encadrement qui les a dissuadés. C’est au milieu de l’après-midi, vers 15h que les “choses sérieuses” ont commencé quand un important groupe s’est détaché de la foule pour se diriger vers la mairie, certains d’entre eux portant des récipients contenant de l’essence, selon des témoignages, la porte a été défoncée, tout le rez-de-chaussée fut saccagé, avant qu’on mette le feu aux documents. A l’étage c’est le service de comptabilité et le bureau de recensement et des statistiques qui subiront le même sort. On a vu des monitor d’ordinateur accrochés encore par le câble de connection aux fenêtres. Heureusement que les registres de l’état civil ont pu être sauvés des flammes car se trouvant dans une armoire blindée. Une fois la mairie en flammes, les jeunes s’attaquent à la poste juste à côté. Même procédé, tous les locaux sont saccagés, le petit coffre est traîné dans la rue, à coup de pierres la porte de derrière est défoncée et des chèques ainsi qu’une somme de 70 000 DA ont été subtilisés. Des voisins racontent qu’ils ont assisté à une bagarre à couteaux tirés, à qui mieux mieux pour le partage du “butin”. Vers 16h30, devant l’ampleur des dégâts, et pour circonscrire le danger de voir d’autres édifices publics ciblés à leur tour, un escadron de gendarmerie a été dépêché sur place. La foule est vite dispersée, la circulation rouverte. Les interpellations ont commencé. Elles ont duré des heures. Le mercredi, le calme est revenu à Bir-Ould-Khelifa, et les évènements sont largement commentés, on s’est arraché les quelques quotidiens qui ont relaté l’événement, au double de leur prix habituel. 38 jeunes ont été interpellés dont un mineur. 5 autres soupçonnés d’être les meneurs sont en fuite. Ils ont été présentés au juge d’instruction, lors d’une session spéciale, au tribunal de Khemis-Miliana dans la nuit de mercredi. 31 d’entre eux ont été placés sous mandat de dépôt, avec comme chefs d’inculpation : troubles à l’ordre public, incitation au désordre, incendie, pillage et mise à sac d’édifices publics. Si ici et là, on admet que la malvie peut conduire à la protestation, voire à la contestation, il se trouvera toujours des fauteurs des troubles, pervertissant les contestations mêmes légitimes.
Karim O.
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