Sunday, November 19, 2006

L’embellie financière que connaît l’Algérie avec l’augmentation du prix du pétrole ne profite pas à tout le monde

La pauvreté est une réalité. C’est en tout cas la conclusion d’un récent rapport des services de sécurité adressé aux plus hautes institutions du pays.
Finalisé le 20 mars 2006, ce rapport des services de sécurité se base essentiellement sur des données d’institutions internationales, notamment du Pnud (Programme des Nations unies pour le développement). Tout en reconnaissant que très peu d’études ont été réalisées dans ce domaine, les rédacteurs de ce rapport n’hésitent pas à parler de « pauvres » contrairement au ministre du Travail et de la Solidarité qui préfère utiliser le terme plus soft de « démunis ». « Depuis la crise pétrolière de 1986, des pans entiers de la société algérienne ont sombré dans la pauvreté. En l’an 2003, et malgré des réserves de changes dépassant les 30 milliards de dollars, un Algérien sur trois vit en dessous du seuil de pauvreté », est-il indiqué en page 35.
Il semble donc que le nombre de pauvres dépasse les 10 millions d’Algériens, un chiffre qui tranche avec les 72 302 personnes démunies recensées par le département de Djamel Ould Abbès. « Des Algériens vivant avec moins d’un dollar par jour, l’Algérie en compte de larges pans. La pauvreté touche deux fois plus les zones rurales que les zones urbaines et plus les femmes chefs de ménage et les personnes sans instruction. (...) Il suffit en effet d’aborder quelques personnes parmi les mendiants, SDF et exclus de tous bords, de plus en plus nombreux à Alger, pour être fixé sur l’origine rurale de l’écrasante majorité d’entre eux. Leur drame se confond avec celui plus large de l’agriculture traditionnelle en proie à une crise sans précédent, nourrie par une constante baisse des rendements agricoles, exacerbée par le phénomène du terrorisme qui a affecté, comme chacun le sait, surtout les zones rurales (...) En réalité, en dehors du fait que la croissance hors hydrocarbures soit molle, l’Algérie fait face à un problème de répartition inégale du revenu national.
Par les chiffres, moins de 20% des habitants détiennent un peu plus de 50% des richesses du pays », peut-on lire dans ce document qui ne manque pas de rappeler qu’avec un IDH (indicateur de développement humain) en nette régression, l’Algérie a été classée, en 2003, à la 107e place sur 173 pays par le Pnud. Notons par ailleurs que l’Algérie a gagné quelques points dans l’édition 2005 de ce classement et se retrouve donc à la 103e place... juste derrière la Palestine occupée. Pauvreté et criminalité Ce rapport aborde de façon théorique la question de la relation entre la pauvreté et la criminalité. « La pauvreté en soi n’amène pas la criminalité. Il n’y a pas de lien direct entre la pauvreté et la criminalité, mais il y a sûrement des liens indirects. La criminalité est le fait d’un décalage entre les buts que l’on se fixe dans la vie et les moyens dont on dispose pour y parvenir. Ce n’est pas la pauvreté qui est criminogène, mais d’être pauvre dans un système demandant à avoir des moyens (écoles pour pauvres, HLM, etc.). Mais on se rend compte que cela est insuffisant et ne sert à rien car la criminalité continue.
Aujourd’hui, le but n’est plus social, mais individuel (qualité de vie) ». Mais ce rapport présente une autre théorie développée par des criminologues selon laquelle il existe « une corrélation positive entre le revenu national et le taux de crimes contre la propriété ». Dans leur conclusion, les services ayant réalisé ce rapport n’hésitent pas à tirer la sonnette d’alarme. Menaces sur la cohésion sociale et les générations futures « Le poids et la pression que peut faire la dégradation des conditions de vie actuelles risquent de peser lourdement sur les conditions de vie de la génération actuelle et plus sur la génération future.
Les conséquences de la crise socioéconomique pendant les dernières décennies menacent aujourd’hui les principes fondamentaux de la cohésion sociale que sont la solidarité, l’équité et l’accessibilité. Pour cela, prendre en compte le renforcement des capabilités individuelles est nécessaire pour une meilleur structuration des capacités et faciliter leur transfert à la génération future (...) Ceci permettra de maintenir la cohésion sociale en réduisant le degré de vulnérabilité des personnes et de mieux préserver la dignité humaine. La hausse des potentialités humaines à côté de meilleures capacités individuelles contribue efficacement à soulager la situation de pauvreté que vivent les ménages actuellement et augmenter leur taux d’autonomie à faire face aux différents chocs externes dans le futur. »
(elannabi)

No comments: