Wednesday, November 01, 2006

L'affaire Kadhafi-Ech Chourouk révèle le manque de visibilité et l'incohérence de l'Algérie sur le Sahara

Alger, 01/11/06 - La réaction du quotidien algérien "Ech-Chourouk" suite à sa condamnation pour diffamation à l'encontre du Guide de la révolution libyenne, le colonel Mouammar Kadhafi, à deux mois de suspension et à l'emprisonnement de son directeur et d'une journaliste à six mois de prison ferme chacun, révèle au grand jour l'incohérence des positions officielles de l'Algérie à propos de la question du Sahara, entraînant du coup un manque de visibilité de la presse algérienne sur cette question.
Au vu de l'argumentaire développé contre ce quotidien lors du procès, "Ech-chourouk" s'en veut de publier depuis des décennies des communiqués du ministère algérien des Affaires étrangères appuyant tous azimut les thèses d'Alger sur le Sahara. Le journal affirme que "le Maroc serait en droit de poursuivre en justice le ministère algérien des Affaires étrangères et toute publication algérienne pour leur soutien à une organisation armée (le polisario) portant atteinte à l'intégrité territoriale et à la souveraineté" du Royaume.
"Ech-chourouk" s'interroge, à ce propos, sur la pertinence pour la presse algérienne de continuer à soutenir contre vents et marées les autorités officielles dans la question du Sahara, mettant en garde ses confrères sur les risques encourus si jamais le Maroc venait à leur intenter un procès pour atteinte à son intégrité territoriale et à sa souveraineté.
La remise en cause des positions algériennes par "Ech-chourouk" intervient dans un contexte marqué par l'immobilisme qui caractérise la scène politique algérienne donnant lieu à des interprétations contradictoires de certains faits et gestes émanant des sphères décisionnelles.
Citant des observateurs de la scène politique et sécuritaire en Algérie, "Al khabar hebdo" fait observer que cet attentisme "anesthésiant" pour la vie politique dénote une crise intérieure latente du système dans toutes ses manifestations visibles et cachées, qui pourrait avoir des conséquences difficiles à cerner pour l'avenir du pays, et ce à l'approche d'échéances électorales considérées comme cruciales.
Cette crise que vit le système a eu des relents dans la presse écrite algérienne qui commence à se poser des questions sur ce qui se trame derrière la lutte que se livrent les différentes ailes du pouvoir.
Les développements attendus sont en rapport notamment avec les audiences personnelles que le président algérien Abdelaziz Bouteflika dit réserver à chaque ministre pour s'enquérir de la marche de son département. L'autre donne en rapport avec ces péripéties n'est autre que la signification à donner aux "révélations en cascade sur les scandales qui éclaboussent un certain nombre de secteurs sensibles" et qui font les choux gras de la presse.
Les séances que tient le président Bouteflika avec les ministres à titre individuel poussent la presse à se poser moult interrogations sur leur signification, souligne l'hebdomadaire, estimant que "ce que la télévision rapporte de ces séances n'a d'autre but que de nous convaincre que tout va au mieux, et ce à la veille d'échéances cruciales".
L'hebdomadaire s'interroge, à ce sujet, sur la finalité de ces séances et si elles seront déterminantes pour l'avenir politique de tel ou tel ministre ou si elles ne visent qu'à suggérer à l'opinion publique qu'un Etat en panne fonctionne bien, probablement pour préparer sa mobilisation et atténuer ses sentiments de colère et de récriminations contre le pouvoir qui n'a pas réussi à concrétiser un grand nombre de promesses électorales.
La publication évoque, en outre, les scandales financiers qui ont éclaté au grand jour comme celui de la société BRC, une société mixte montée par Sonatrach et l'américaine Halliburton, ainsi que le scandale du gonflement de la facture du coût de l'autoroute Est-Ouest.
Beaucoup d'observateurs se demandent si la révélation de ces scandales dénote une volonté d'assainir la gestion des secteurs économiques ou si elle ne reflète que les luttes d'influence dans les cercles du pouvoir.
Les rivalités dans les arcanes du système ont également pour enjeu le projet de révision de la constitution, annoncé avant fin 2006, sans que sa mouture soit déclinée jusqu'à présent, indique l'hebdomadaire.
L'attentisme observé sur ce thème refléterait des divergences profondes au sein du pouvoir sur la nature de ce texte. Certains milieux influents ne verraient pas d'un bon oeil un renforcement des prérogatives présidentielles, selon l'hebdomadaire.lire le détail de l'histoire en arabe:http://www.echoroukonline.com/modules.php?name=News&file=article&sid=2516

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