Le Parti socialiste démocrate mauritanien vient de lancer, à Nouakchott, une vaste campagne de sensibilisation sur le sort des Mauritaniens disparus dans les camps du Polisario. Isselkou Ould Rabbani, président du PSD, explique à ALM les termes de sa bataille pour établir la vérité sur cette tragédie.ALM : Le Parti socialiste démocrate mauritanien vient de soulever pour la première fois à Nouakchott la question des disparus mauritaniens au Polisario. Pourquoi jamais la question n’a été provoquée auparavant ? Isselkou Ould Rabbani : Ni le gouvernement, ni le Parlement, et moins encore les partis politiques n’ont eu le courage de reconnaître que des citoyens mauritaniens également aient fait l’objet d’enlèvements de la part du Polisario. Au sein du Parti socialiste démocrate, nous considérons que notre souveraineté nationale était touchée par les disparitions de nos compatriotes. Nous sommes étonnés par le silence des autorités sur les pratiques du Polisario qui sont contraires aux droits de l’Homme, aux principes de l’Islam, et à toutes les conventions internationales. Nous sommes d’autant plus étonnés, voire perplexes, que les appels des familles des victimes de disparitions soient restés sans réponse. Les familles des victimes ont toutefois fourni les noms et les photos des leurs, et leurs témoignages explicitent amplement leur calvaire vécu au quotidien en l’absence de nouvelles de leurs proches dont le sort est resté ignoré, depuis vingt ans déjà. Quel est le nombre des victimes mauritaniennes des enlèvements perpétrés par le Polisario ? Et comment ces victimes kidnappées ont disparu ? Selon les informations que nous avons recueillies auprès des familles des disparus, le nombre des victimes s’élèverait à 150 personnes. Nos compatriotes ont été enlevés par le Polisario dans les années quatre-vingt, après la signature de l’accord de cessez-le-feu à Alger en 1979. A cette époque, des centaines de colonnes armées du Polisario traversaient le territoire mauritanien en organisant des rafles notamment contre des bergers, et des commerçants ambulants, emportant tout ce qu’ils trouvaient sur leur chemin et neutralisant froidement nombre de nos concitoyens après les avoir déportés manu militari vers les camps de Rabouni et de Tindouf. Que comptez-vous faire pour établir la vérité sur le sort des disparus mauritaniens ? Nous allons demander à l’actuel gouvernement d’ouvrir une enquête sur le sort de nos compatriotes disparus dans les camps de concentration du Polisario. Nous allons, également, demander à la justice de faire son travail, faute de quoi c’est la justice internationale qui fera son travail. Pour rappel, nous avons organisé le 20 mai dernier une conférence de presse à Nouakchott, à laquelle ont pris part des représentants du corps diplomatique accrédité en Mauritanie, ainsi que des représentants des médias internationaux, les chefs des différents partis politiques mauritaniens, et les présidents des associations des droits de l’Homme. Lors de cette conférence, les familles des victimes ont pris la parole et livré des témoignages émouvants. Maintenant que nous avons alerté l’opinion publique nationale et internationale, nous allons entamer une campagne de recensement des parents des victimes qui va prendre un peu de temps, vu l’étendue du territoire mauritanien. Croyez-vous que votre mission va aboutir, face à la position contre-productive du Polisario et de l’Algérie ? La position de l’Algérie qui consiste à appuyer le Polisario n’a plus raison d’être. L’Algérie doit comprendre qu’il n’y a plus de possibilité de faire la guerre, ni de financer les foyers de tension. Le monde, aujourd’hui, se concentre sur la lutte contre la pauvreté, l’ignorance, les maladies … C’est pour cela que notre parti avait déjà, et à plus d’une reprise, exalté la proposition d’autonomie du Maroc, et sa politique du compromis et de la main tendue. Je rappelle que notre parti avait applaudi vivement l’offre marocaine d’ouvrir sa frontière avec l’Algérie, regrettant par la même occasion le refus injustifié d’Alger d’accéder à la demande de Rabat. D’autant plus que l’initiative d’ouverture profitera sans doute aux Marocains et aux Algériens, c’est le même peuple qui circule, cohabite… Les peuples ne doivent pas être victimes des contradictions entre les gouvernements. Que pensez-vous de l’offre marocaine d’octroyer un statut d’autonomie au Sahara ?Après mûre réflexion, et une analyse sereine de la situation socio-politique de la sous-région, notre parti a constaté, de façon intelligible, que la solution d’autonomie initiée par SM le Roi Mohammed VI est une initiative visant à cultiver la démocratie dans le Sahara par la mise en place d’un Parlement élu démocratiquement, un gouvernement représentant une majorité parlementaire et des conseillers municipaux à la disposition de leur population. De cela profitera, également, la Mauritanie, puisque l’offre marocaine apportera les gages d’une intégration économique sûre, un échange d’idées et d’idéaux entre les pays marocain et mauritanien, un Royaume et une république qui ont su vivre en symbiose pendant quelques centaines d’années … Et pour cela, nous avons déclaré notre soutien indéfectible à l’offre marocaine d’autonomie. Le 29-5-2008 Par : M’Hamed Hamrouch Aujourd'hui le Maroc.
No comments:
Post a Comment