L'envoyé spécial de l'ONU au Sahara occidental, le Néerlandais Peter Van Walsum, est responsable de la rupture des négociations de Manhasset entre le Front Polisario et le Maroc, devant ouvrir la voie vers un début de résolution de cette dernière question de décolonisation en Afrique. Selon un des responsables du Front Polisario, «Walsum a donné le coup de grâce au processus de Manhasset», estime M'hammed Kheddad, coordinateur du Front Polisario à ces négociations, qui se sont tenues dans la banlieue new-yorkaise entre juin 2007 et mars 2008 (4 rounds) sous l'égide des Nations unies. Après la sortie médiatique du représentant du SG de l'ONU, M. Ban Ki Moon, la direction du Front Polisario ne peut être que circonspecte quant au véritable rôle qu'a joué M. Walsum lors des quatre rounds des négociations de Manhasset. Dans une déclaration au quotidien de gauche espagnol «El Pais», M'hammed Kheddad souligne notamment que «dans ces conditions, on ne peut convoquer un 5ème round dans les discussions de Manhasset». En fait, le représentant personnel du secrétaire général de l'Onu est accusé par les Sahraouis d'avoir favorisé les thèses marocaines sur le Sahara occidental, au détriment du respect de la légalité internationale sur ce dossier, et son statut de diplomate de neutralité. Les quatre rounds de négociations, qui se sont déroulés sous les auspices de l'ONU et dirigés par Walsum, ont débouché sur une impasse, avec pratiquement le retour à la case de départ en ce qui concerne la revendication principale du peuple du Sahara occidental : exercer son droit à s'exprimer librement sur son avenir, soit l'autodétermination, soit l'intégration au Maroc, comme le propose la partie marocaine dans son projet d'autonomie. Or, selon la direction du Polisario, mais également les observateurs internationaux, et même le SG de l'ONU, M. Walsum n'a pas été impartial, et n'a même pas tenté de comprendre le dossier dont il avait la charge de mener à bien, sinon à ne pas le jeter «en pâture» aux thèses marocaines. «Personne ne croit à une solution dans ce conflit qui dure depuis 33 ans», avait-il dit dans un entretien exclusif, le seul d'ailleurs, au quotidien néerlandais «Handelsblad». Cette sortie médiatique de celui qui était chargé par le SG de l'ONU de s'occuper d'un dossier particulièrement sensible au regard de sa nature relative à l'une des questions d'actualité internationale, la décolonisation du dernier territoire encore occupé, avait éclaboussé le SG de l'Onu qui avait pesé de tout son poids pour éviter un scandale. Sollicité par le même quotidien néerlandais à commenter les déclarations de son envoyé personnel au Sahara occidental, Ban Ki Moon a répondu : «il ne faut jeter de l'huile sur le feu», et supprimera du rapport de son envoyé spécial plusieurs passages, avant de le soumettre au Conseil de Sécurité. «L'arrêt du processus de négociations (avec le Maroc) n'est pas imputable aux divergences entre les deux parties, mais à l'attitude de M. Walsum», estime la direction du Front Polisario. Selon M. Khaddad, «nous jouons dans une partie où l'arbitre demande à une équipe de sortir du terrain et demande à l'autre de marquer des buts». «Comme ça, on ne peut pas suivre (la partie)», a-t-il précisé au quotidien espagnol «El Pais». M. Walsum «n'est pas capable de jouer un rôle de médiateur, car il s'est aligné sur les thèses du Maroc», estiment des cadres du Front Polisario. Pour beaucoup d'observateurs, l'épisode Manhasset aura été sabordé par l'envoyé personnel du SG de l'ONU. Est-ce une première dans ce long combat des Sahraouis pour jouir de leur indépendance ? par Ali Babès LE QUOTIDEIN D'ORAN 24/06/2008
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