Tuesday, January 19, 2010

Les moyens militaires du Polisario

Après Emhamed Khadad, c’est Meryem Hmada qui menace de reprendre les armes et de marcher sur notre pays. Au fait, que vaut l’armée de Mohamed Abdelaziz?

Depuis quelques semaines, le Polisario profère des menaces de guerre contre le Maroc. Ses responsables se succèdent en effet sur les plateaux de chaînes de télévision arabes pour faire passer leurs messages belliqueux à l’encontre de notre pays. Meryem Hmada, ministre de la Culture de la pseudo-RASD (République arabe sahraouie démocratique), a été la dernière à se fendre d’une lapalissade des plus “menaçantes”: «L’option de guerre est un choix qui s’impose face à l’échec de l’option pacifique». Avant de lancer «nous allons bientôt prendre les armes pour défendre nos droits sur les territoires sahraouis». Cette dame, la quarantaine, aux traits déchirés par la souffrance et au verbe peu convaincant, a crû bon de prêcher la parole belliqueuse pour plaire à ses supérieurs, au nom d’une certaine motivation indépendantiste qui se cache derrière des intentions séparatistes sans foi ni loi. Avant elle, un certain Emhamed Khadad, présenté par l’agence Reuters comme étant «le négociateur en chef du mouvement sahraoui», avait, lui aussi, menacé de reprendre les armes et de marcher sur notre pays.


Mohamed Abdelaziz. “L’Algérie donne des armes sans compter”.

Plus précis que sa collègue madame la ministre, il nous fixe un délai de six mois, une sorte d’ultimatum, pour nous soumettre à ses conditions de force. Mais, que vaut aujourd’hui le Polisario sur le plan militaire ? A-t-il les moyens d’exécuter ses menaces ?
«Si ses accointances historiques avec l’Algérie, depuis la création du mouvement séparatiste en 1973, l’ont aidé à se constituer un arsenal militaire variablement important, sa puissance humaine et d’encadrement a considérablement diminué», déclare Semlali Abadila, ancien membre de l’armée du Polisario de 1980 à 1983, et qui avait participé à des opérations militaires contre le Maroc pendant cette période. Ce dernier témoigne en effet que la plupart des membres de l’encadrement militaire, notamment des officiers et des commandants, sont partis dans le sillage de l’hémorragie humaine qu’a connue le Polisario depuis 1988, année du soulèvement populaire contre les dirigeants du mouvement. Au lancement par le défunt souverain Hassan II de l’appel «La patrie est clémente et miséricordieuse», pour inciter au retour au pays, des milliers d’anciens militants du Polisario, dont des militaires, ont quitté les camps du Tindouf pour rejoindre les leurs au Maroc. Composée de plusieurs régions militaires, actuellement au nombre de 7, elles-mêmes décomposées en plusieurs compagnies (katibas), l’armée du mouvement séparatiste présente des signes d’essoufflement évidents. «La seconde région militaire, la plus puissante sur le plan de l’armement, qui contenait dans le passé 2.000 membres, n’en a aujourd’hui que 700 ou 800», indique Semlali Abadila. Même constat pour les autres régions, dont les effectifs se sont tout simplement effondrés pour ne plus compter que 200 ou 300 membres chacune.
Cette hémorragie militaire dont souffre le Polisario depuis voilà 17 ans a poussé ce dernier à envoyer des jeunes étudiants sahraouis en Algérie et à Cuba où ils sont formés aux techniques de combat et de guerre. Rapatriés dans les camps de Tindouf au bout de quelques années de formation, ces jeunes réintègrent l’armée, avec néanmoins des avantages très inférieurs à ce qui a été offert aux anciens officiers dissidents. Noureddine Bilali, alias Ahmed Ali, qui figurait parmi les fondateurs du mouvement, estime pour sa part que l’armée de ce dernier a beaucoup perdu de sa puissance car, selon lui, «la forte motivation qui existait à l’époque dans ses rangs a complètement disparu aujourd’hui, en raison de dissensions apparentes et de départs massifs de ses membres». Réduite en peau de chagrin, «l’armée de l’ennemi du Maroc présente néanmoins quelque force au niveau de son arsenal», explique Semlali Abadila, qui ajoute que seule l’Algérie approvisionne le Polisario en matière d’armement, essentiellement de type soviétique. «L’Algérie donne des armes sans compter», estime-t-il.
De son côté, Noureddine Bilali considère que nos voisins algériens n’agissent ainsi qu’à la suite d’une tension diplomatique avec le Maroc. Au moment où les relations se réchauffent entre les deux pays, comme cela fut le cas récemment lors du dernier sommet arabe tenu à Alger et au cours duquel un tête-à-tête a eu lieu entre les deux chefs d’Etat, «l’Algérie coupe le robinet au Polisario », tempère l’ancien membre du corps dirigeant du mouvement séparatiste. À la moindre échauffourée diplomatique avec le Maroc, l’Algérie reprend son soutien à la RASD de Mohamed Abdelaziz en lui apportant les armes dont il a besoin pour renforcer ses manœuvres militaires. Par contre, selon lui, «c’est la Libye de Mouamar Kadhafi qui soutenait inconditionnellement le Polisario sur le plan militaire… Le chef libyen n’hésitait pas à répondre aux appels de son ami Mohamed Abdelaziz, qu’il recevait régulièrement sous sa tente, pour signer avec lui des contrats importants d’armement», explique Noureddine Bilali. Concrètement, la caserne Hanafi, située dans la première région militaire à proximité des camps de Tindouf, contient le plus important stock d’armes du Polisario: des Chars T54 et chars BMP pour le transport de troupes armées de canons73mm, des canons soviétiques de types B-11 à 107mm et B-10 à 80mm, des mitrailleuses Douchouka de fabrication soviétique de 12mm, de 14,5mm et de 23mm. On y trouve également des orgues de Staline, dont le nombre varie entre 40 et 80 de type 120mm très longue portée, et des canons Hauser 122 mm, également très longue portée, ainsi que des lance-roquettes bazooka (anti-chars), des kalashnikovs et des pistolets de tout calibre. Il y a aussi des blindés, des milliers de tonnes de munitions et des Katioucha soviétiques. «Pendant les années 90, cette caserne avait pris feu et une partie du stock d’armes a été détruite», témoigne Semlali Abadila. Entre temps, il a été reconstitué et même renforcé grâce aux largesses algériennes.
Une seconde caserne, située à quelques kilomètres des camps de Tindouf, porte le nom Al Qaida. Elle est la seconde plus importante caserne militaire du Polisario, suivie de la caserne dite du 6ème arrondissement, car elle dépend de la 6ème région militaire. En fait, chaque région militaire possède une caserne dont l’importance dépend du stock d’armes qu’elle contient. Sur le plan de l’aviation militaire, le mouvement séparatiste ne possède aucun avion de guerre, selon plusieurs témoignages. Mais il envoie des jeunes Sahraouis à certains pays étrangers pour se former aux techniques de pilotage. Prépare-t-il l’acquisition d’avions militaires ? Tout pousse à le croire. Au niveau de la stratégie de guerre, l’histoire retient que le Polisario recourt souvent à la technique militaire classique visant à mobiliser des chars et des blindés pour attaquer leurs cibles. C’est-à-dire qu’il n’a jamais pratiqué la stratégie de «guérilla», réputée pour son danger et ses effets pervers pour la partie adverse. Cette faille visible au niveau de son armée fait que, sans son protecteur algérien, le Polisario n’a pas les moyens de la guerre qu’il déclare au Maroc.



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