La lutte antiterroriste doit évoluer en même temps que les changements sur le terrain.
Voilà ce qui s’appelle tomber de Charybde en Scylla. Après le terrorisme, l’Algérie fera face à une montée du banditisme et de la criminalité, ont confié des spécialistes de la lutte antiterroriste qui ne se font aucun doute sur ce sujet. Selon les estimations de ces spécialistes, «le Gspc ou Al Qaîda sont appelés à disparaître dans les deux ou trois prochaines années». Cependant, prévoient-ils, la disparition du terrorisme donnera naissance à d’autres phénomènes dont la criminalité comme c’est le cas actuellement en Colombie et/ou au Mexique. Les forces de sécurité seront à ce titre devant un nouveau défi et il faut d’ores et déjà prévoir une stratégie pour affronter cette nouvelle donne. «Aucune action ne sera efficace sans la révision, en fonction des nouvelles donnes sur le terrain, des stratégies de lutte antiterroriste qui doit évoluer dans un contexte bien précis en même temps que les changements sur le terrain», préconisent les mêmes responsables.En sept ou huit ans de lutte antiterroriste, les forces de sécurité n’ont pas seulement acquis une grande expérience, mais elles ont réussi à établir une cartographie géographique humaine, en mesure de situer l’amplitude du terrorisme et de ses rares relais. Il y a eu des attentats spectaculaires que des observateurs ont expliqué par un manque de vigilance, mais dans le contexte global, les forces de sécurité ont adopté une nouvelle approche méthodique, ciblée et plus précise. Selon des statistiques rendues publiques, il ne reste plus que 600 à 800 terroristes terrés dans les maquis. Ils étaient plus de 28.000 en 1994! Il est donc tout à fait logique et évident même que les services de l’ANP, de la Gendarmerie nationale, de la Police et de l’ensemble des forces de sécurité révisent leur tactique en vue de répondre aux nouvelles exigences du terrain, aux tendances sociales et au climat politique national et international, ont confié nos sources. Le défi qui se pose à eux, est la connexion entre le grand banditisme et certains groupes terroristes. Cela a été établi et défini à l’exemple des cercles mafieux des narcotrafiquants, de la mafia politico-financière, la mafia du sable et du liège mais aussi et surtout des trafiquants d’armes et de munitions. Durant l’année écoulée, plus de 90 terroristes ont été mis hors d’état de nuire comprenant même un certain nombre d’émirs très inf-luents, alors que pas moins de 200 réseaux de soutien ont été démantelés. Et rien que pour le mois de janvier de l’année en cours, 21 criminels ont été abattus dans des opérations militaires bien ficelées. Ces résultats sont certainement le fruit d’un engagement déterminé des forces de sécurité tous corps confondus. Avant même d’appliquer la politique de la réconciliation, l’Algérie s’était déjà éloignée de l’option du «tout sécuritaire» qu’imposait l’épreuve de force engagée justement contre les groupes terroristes, en plein redéploiement durant la période allant de 1990 à 1993. En pleine décomposition, accentuée par les conflits internes, les multiples guerres de leadership, les groupes terroristes ont multiplié les actes de sauvagerie en adoptant la vengeance systématique contre les populations civiles des régions particulièrement isolées. On se rappelle encore des massacres collectifs et des faux barrages entre 1997 et 1999. Même dans ce contexte, l’Etat n’avait pas opéré de recul dans la politique de réconciliation avec la loi de la Rahma prônée à l’époque du président Liamine Zeroual, affirmant sa détermination à faire revenir la paix, en ouvrant le dialogue avec les groupes armés. L’AIS, et quelques groupes qui lui ont été affiliés à l’Ouest, avait déposé les armes. Pendant ce temps, les GIA ont allumé le brasier dans lequel ils seront brûlés quelques années après. C’est d’ailleurs dans ce contexte un peu complexe que ce qu’on appelle aujourd’hui le Gspc est né. Sahraoui, Hattab, Belmokhtar et El Para allaient faire parler d’eux pendant des années. Cette fois-ci, les cibles seront les forces de sécurité et les ressortissants étrangers. Une stratégie, avait-on souligné à l’époque, suggérée par les chefs d’Al Qaîda. Ce qui n’était pas faux dans la mesure où quelques années plus tard, le Gspc annonçait son ralliement à l’organisation dirigée par l’énigmatique Ayman Zawahiri. Entre-temps, la loi portant sur la paix et la réconciliation nationale est passée et les redditions se sont multipliées. Le chef de l’Etat avait réussi son pari. Dans les villes et en milieu urbain, les groupes d’irréductibles qui ont refusé l’offre de paix perdaient un à un leurs relais et leurs réseaux de soutien logistique.A vrai dire, un nouvel état d’esprit social s’est installé et qui a amené les forces de sécurité à revoir leurs méthodes.
Ikram GHIOUA - L'EXPRESSION 24-01-2010
Voilà ce qui s’appelle tomber de Charybde en Scylla. Après le terrorisme, l’Algérie fera face à une montée du banditisme et de la criminalité, ont confié des spécialistes de la lutte antiterroriste qui ne se font aucun doute sur ce sujet. Selon les estimations de ces spécialistes, «le Gspc ou Al Qaîda sont appelés à disparaître dans les deux ou trois prochaines années». Cependant, prévoient-ils, la disparition du terrorisme donnera naissance à d’autres phénomènes dont la criminalité comme c’est le cas actuellement en Colombie et/ou au Mexique. Les forces de sécurité seront à ce titre devant un nouveau défi et il faut d’ores et déjà prévoir une stratégie pour affronter cette nouvelle donne. «Aucune action ne sera efficace sans la révision, en fonction des nouvelles donnes sur le terrain, des stratégies de lutte antiterroriste qui doit évoluer dans un contexte bien précis en même temps que les changements sur le terrain», préconisent les mêmes responsables.En sept ou huit ans de lutte antiterroriste, les forces de sécurité n’ont pas seulement acquis une grande expérience, mais elles ont réussi à établir une cartographie géographique humaine, en mesure de situer l’amplitude du terrorisme et de ses rares relais. Il y a eu des attentats spectaculaires que des observateurs ont expliqué par un manque de vigilance, mais dans le contexte global, les forces de sécurité ont adopté une nouvelle approche méthodique, ciblée et plus précise. Selon des statistiques rendues publiques, il ne reste plus que 600 à 800 terroristes terrés dans les maquis. Ils étaient plus de 28.000 en 1994! Il est donc tout à fait logique et évident même que les services de l’ANP, de la Gendarmerie nationale, de la Police et de l’ensemble des forces de sécurité révisent leur tactique en vue de répondre aux nouvelles exigences du terrain, aux tendances sociales et au climat politique national et international, ont confié nos sources. Le défi qui se pose à eux, est la connexion entre le grand banditisme et certains groupes terroristes. Cela a été établi et défini à l’exemple des cercles mafieux des narcotrafiquants, de la mafia politico-financière, la mafia du sable et du liège mais aussi et surtout des trafiquants d’armes et de munitions. Durant l’année écoulée, plus de 90 terroristes ont été mis hors d’état de nuire comprenant même un certain nombre d’émirs très inf-luents, alors que pas moins de 200 réseaux de soutien ont été démantelés. Et rien que pour le mois de janvier de l’année en cours, 21 criminels ont été abattus dans des opérations militaires bien ficelées. Ces résultats sont certainement le fruit d’un engagement déterminé des forces de sécurité tous corps confondus. Avant même d’appliquer la politique de la réconciliation, l’Algérie s’était déjà éloignée de l’option du «tout sécuritaire» qu’imposait l’épreuve de force engagée justement contre les groupes terroristes, en plein redéploiement durant la période allant de 1990 à 1993. En pleine décomposition, accentuée par les conflits internes, les multiples guerres de leadership, les groupes terroristes ont multiplié les actes de sauvagerie en adoptant la vengeance systématique contre les populations civiles des régions particulièrement isolées. On se rappelle encore des massacres collectifs et des faux barrages entre 1997 et 1999. Même dans ce contexte, l’Etat n’avait pas opéré de recul dans la politique de réconciliation avec la loi de la Rahma prônée à l’époque du président Liamine Zeroual, affirmant sa détermination à faire revenir la paix, en ouvrant le dialogue avec les groupes armés. L’AIS, et quelques groupes qui lui ont été affiliés à l’Ouest, avait déposé les armes. Pendant ce temps, les GIA ont allumé le brasier dans lequel ils seront brûlés quelques années après. C’est d’ailleurs dans ce contexte un peu complexe que ce qu’on appelle aujourd’hui le Gspc est né. Sahraoui, Hattab, Belmokhtar et El Para allaient faire parler d’eux pendant des années. Cette fois-ci, les cibles seront les forces de sécurité et les ressortissants étrangers. Une stratégie, avait-on souligné à l’époque, suggérée par les chefs d’Al Qaîda. Ce qui n’était pas faux dans la mesure où quelques années plus tard, le Gspc annonçait son ralliement à l’organisation dirigée par l’énigmatique Ayman Zawahiri. Entre-temps, la loi portant sur la paix et la réconciliation nationale est passée et les redditions se sont multipliées. Le chef de l’Etat avait réussi son pari. Dans les villes et en milieu urbain, les groupes d’irréductibles qui ont refusé l’offre de paix perdaient un à un leurs relais et leurs réseaux de soutien logistique.A vrai dire, un nouvel état d’esprit social s’est installé et qui a amené les forces de sécurité à revoir leurs méthodes.
Ikram GHIOUA - L'EXPRESSION 24-01-2010
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