ZINÉDINE ZIDANE est arrivé hier à Alger, à bord d’un avion spécial de la présidence algérienne, pour une visite de cinq jours au pays d’origine de ses parents, qui ont émigré en France en 1962. Sa présence à l’aéroport a provoqué une gigantesque pagaille. Protégé par des policiers en civil, il a été arraché à la foule des photographes et a pu se rendre, comme prévu, à Boumerdès, la ville la plus touchée par le tremblement de terre demai 2003, où il a inauguré des équipements sociaux.
Le président Abdelaziz Bouteflika a profité de l’occasion pour tenter de récupérer à son profit la popularité de l’ex-capitaine de l’équipe de France. Dans sa lettre d’invitation adressée à Zidane, il a loué « la belle, courageuse, intelligente et exceptionnelle carrière que vous avez su construire avec autant de pugnacité que de sagesse, d’audace que de pondération, avec surtout un immense fair-play ». Comme beaucoup de ses compatriotes qui ont vibré aux exploits des Bleus lors du Mondial 2006, le président algérien se félicite du coup de tête qui a envoyé au tapis un joueur italien, lors de la finale : « Face à ce qui ne pouvait être qu’une grave agression, vous avez réagi d’abord en homme d’honneur. »
Par cette opération de charme, le président Bouteflika vise un double objectif : disputer à son « ami Chirac » la citoyenneté de la star mondiale, et empêcher les Kabyles d’en faire le porte-drapeau de leur contestation permanente. En Kabylie, terre natale de ses parents, où il s’est rendu pour la dernière fois en 1986, Zizou déchaîne les passions. Si on est fier de voir un «mmis n tmurt » (enfant du pays) au firmament de la gloire, on déplore toutefois son silence lors de la répression du « Printemps noir » de 2001, qui a fait 123morts.
Traquenard du régime
Sitôt la visite annoncée, associations et personnalités militant pour la cause kabyle l’ont mis en garde contre un traquenard du régime algérien. « Tu as su, jusqu’ici, déjouer toutes les manoeuvres politiciennes qui visaient à te récupérer (…) Les honneurs qu’on projette de te rendre ici et là, et que tu mérites largement, ne sont pas toujours motivés par la seule admiration », déclarent-ils dans une lettre ouverte.
Dans le camp adverse, les néonationalistes proches du FLN (exparti unique), reprochent à Zidane d’avoir « dédaigné les couleurs nationales pour défendre le drapeau français ». Les islamistes ne sont pas en reste. Si les uns lui opposent Franck Ribery, « converti à l’islam et qui affiche, lui, sa foi sur les terrains de jeu », d’autres lui prêtent une dévotion bigote : « Zidane est un musulman conservateur, qui n’a jamais bu de vin », ose le quotidien arabophone Echourouk, insinuant même que son épouse, Véronica, descendrait d’Abderrahman, calife d’Andalousie au Xe siècle !
(AREZKI AÏT-LARBI, le figaro 12 décembre 06)
Le président Abdelaziz Bouteflika a profité de l’occasion pour tenter de récupérer à son profit la popularité de l’ex-capitaine de l’équipe de France. Dans sa lettre d’invitation adressée à Zidane, il a loué « la belle, courageuse, intelligente et exceptionnelle carrière que vous avez su construire avec autant de pugnacité que de sagesse, d’audace que de pondération, avec surtout un immense fair-play ». Comme beaucoup de ses compatriotes qui ont vibré aux exploits des Bleus lors du Mondial 2006, le président algérien se félicite du coup de tête qui a envoyé au tapis un joueur italien, lors de la finale : « Face à ce qui ne pouvait être qu’une grave agression, vous avez réagi d’abord en homme d’honneur. »
Par cette opération de charme, le président Bouteflika vise un double objectif : disputer à son « ami Chirac » la citoyenneté de la star mondiale, et empêcher les Kabyles d’en faire le porte-drapeau de leur contestation permanente. En Kabylie, terre natale de ses parents, où il s’est rendu pour la dernière fois en 1986, Zizou déchaîne les passions. Si on est fier de voir un «mmis n tmurt » (enfant du pays) au firmament de la gloire, on déplore toutefois son silence lors de la répression du « Printemps noir » de 2001, qui a fait 123morts.
Traquenard du régime
Sitôt la visite annoncée, associations et personnalités militant pour la cause kabyle l’ont mis en garde contre un traquenard du régime algérien. « Tu as su, jusqu’ici, déjouer toutes les manoeuvres politiciennes qui visaient à te récupérer (…) Les honneurs qu’on projette de te rendre ici et là, et que tu mérites largement, ne sont pas toujours motivés par la seule admiration », déclarent-ils dans une lettre ouverte.
Dans le camp adverse, les néonationalistes proches du FLN (exparti unique), reprochent à Zidane d’avoir « dédaigné les couleurs nationales pour défendre le drapeau français ». Les islamistes ne sont pas en reste. Si les uns lui opposent Franck Ribery, « converti à l’islam et qui affiche, lui, sa foi sur les terrains de jeu », d’autres lui prêtent une dévotion bigote : « Zidane est un musulman conservateur, qui n’a jamais bu de vin », ose le quotidien arabophone Echourouk, insinuant même que son épouse, Véronica, descendrait d’Abderrahman, calife d’Andalousie au Xe siècle !
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