Le 11 septembre, le pouvoir algérien s'est pompeusement lavé les mains de la guerre civile qu'il gère cruellement ; ses ennemis étant les ennemis du monde libre, il est désormais sollicité pour lui donner un " coup de main " dans la lutte contre le terrorisme. Désormais, il a les mains libres, pour gérer son bled, signer toutes sortes de contrats et liquider tous ceux qui le contrarient.
Le 9 novembre, ce n'est pas le ciel qui est tombé sur la tête des Algériens. Mais c'est la terre qui a déversé sa colère. Les eaux en furie ont fait émerger sur le flot des médias l'image d'un peuple toujours furieux.Les rues où déferlaient pendant des années de manifestants refusant de mourir pour l'un ou pour l'autre ; les rues dans lesquelles on " sortait " contre l'attribution frauduleuse des sièges en criant " pouvoir assassin " ou contre l'attribution scandaleuse des logements en criant " pouvoir voleur" ; les rues dans lesquelles on " marchait " contre la dictature ; ces rues brutalement étouffées et noyées dans le sang, charrient maintenant les morts. Les même rues que le feu a échoué de rendre complètement désertes, l'eau les a fait déborder.
La pluie tant espérée, après des mois de sécheresse et d'eau rationnée, plonge les Algériens dans l'impitoyable réalité: le cauchemar n'est pas fini. A l'image des chantiers devenant bourbiers et des maisons inachevées qui achèvent les sinistrés emportés par les eaux. A l'image de la méditerranée qui renvoie les corps sans vie de ceux qui espéraient la traverser un jour. Alors que peut-on espérer d'un Etat où sécheresse et intempéries tuent indifféremment, où l'eau, rare ou abondante, tue inexorablement ?
La mort criminelle en Algérie n'est pas l'apanage de la guerre. Et ce n'est pas la nature qui vient de déclarer la guerre contre ce pauvre Etat. Ce pauvre Etat que la nature a doté de richesses tellement enviées et tellement dilapidées.
L'hécatombe n'est pas imputable à la nature. Peu importe sa force, c'est une tempête, ce n'est pas un typhon. On peut mourir naturellement mais ce n'est pas la nature qui tue. En Algérie, on meurt de plus en plus de faim. Et les légendaires et indécrottables fierté et décence algériennes censurent. En Algérie on se tue de plus en plus par honte de ne plus pouvoir subvenir aux besoins de sa famille, souvent sur les lieux de travail.
Flash-back : au moment où la tuberculose endeuillait Mostaganem qui était envahie par les rats chassés des égouts par la montée des eaux, le président inventait la formule du " terrorisme de la faim " lors de la " conférence nationale sur la lutte contre la pauvreté " qu'il a pompeusement inaugurée, ce président croit-il gérer le bateau dont il a les commandes en passant la moitié de son mandat à l'Etranger ? A la différence des autres tyrans, ne dit-il pas " avec moi le déluge " et non pas " après moi le déluge " ?
Les vautours et les colombes font partie de la nature, mais pas les vautours qui se déguisent en colombes. Redisons-le : on peut mourir naturellement mais ce n'est pas la nature qui tue. La typhoïde tue, de plus en plus en Algérie. La grippe tue et collectionne, comme les attentats terroristes, des démentis solennellement et précipitamment communiqués.
En Algérie la route tue, comme les routes des autres Etats du monde ; mais la cause est la vétusté du réseau routier et du parc automobile. Aussi vétustes que ses dirigeants qu'on recycle sans cesse. En Algérie, le tabac tue, comme dans les autres Etats du monde ; mais il y a aussi le passage à tabac qui tue. Et il y a surtout le tabac qu'on fume pour noyer sa conscience.
Naturellement, les séismes tuent ; la terre tremble quelques secondes pour produire des morts. Mais l'Etat algérien produit des morts depuis dix ans pour ne plus trembler.
Que reste-t-il de l'espoir avec " Le dernier quart d'heure du terrorisme " sempiternellement évoqué pour rassurer une population dont le quart vit maintenant, et officiellement, sous le seuil de pauvreté ? Que reste-t-il de la dignité d'un peuple quand ses enfants, déshabillés par le trousseau scolaire, fuient l'école et fouillent les bennes à ordures.
Que reste-t-il de la démocratie quand s'effrite sa colonne vertébrale qu'est la classe moyenne ? Que reste-t-il de l'intelligence quand les élites louent et défendent le règne des ignorants promus, par le crime ou la corruption, hommes d'Etat ? Que reste-t-il de l'Etat quand des clans se le déchirent comme un vilain butin ? Que reste-t-il de l'autorité quand le peuple boude les urnes et survit dans s l'anarchie ?
En Algérie, la majorité des autorités locales ne connaissent pas la configuration des réseaux d'eau. Cette Algérie qui est gérée sordidement et cyniquement par des " réseaux " qui traversent la méditerranée. Ces réseaux nommés " la mafia politico-financière " par l'un des nombreux présidents d'Etat algériens et " le syndicat du crime " par sa veuve.
Cette mafia qui est très habile quant à l'organisation des tueries et des pénuries, à la désorganisation de la société civile et des entreprises publiques, ne peut même pas organiser des secours immédiats après la tempête. Cette mafia qui infiltre toutes les organisations se contrefiche des eaux usées qui infiltrent les réseaux d'eau potable. Cette mafia qui étouffe toutes les manifestations qui veulent évacuer la haine et les peurs, ne se soucie pas des conséquences du blocage du réseau d'évacuation des eaux.
Cette mafia qui brûle les usines des sociétés nationales pour liquider ses marchandises en attente dans des bateaux en rade, cette mafia qui brûle la Mitidja pour se construire des châteaux, qui déboise et déséquilibre l'ordre écologique et social pour ne pas chavirer de son trône, cette mafia dirigée par les " Verts " les plus décorés est défendue par des intellectuels qui ne se soucient que de l'épuration de la société qui a défié la dictature en 1991.
L'Algérie est un pays à l'abandon. Une décennie de guerre civile a noirci son horizon. " Où va l'Algérie ? " ne se pose plus. Le laissez-aller s'impose comme une fatalité et l'insouciance gangrène de plus en plus la société. Le peuple qui s'est révolté à plusieurs reprises et dans plusieurs ville est malheureusement démoralisé jusqu'au dégoût par l'indifférence de l'Occident ou par ses réactions calculées.
Mais comme il a payé son indépendance de sa chair, il sait qu'il paiera la liberté aussi chèrement. Son pays à l'abandon ne sera jamais bradé pour un autre même s'il veut bien le quitter pour un autre. En Algérie, La révolte est le passé toujours présent du peuple. La liberté est son avenir.
En Algérie, le crime est un mode d'administration. L'irresponsabilité est une culture d'Etat. L'incurie est un crime d'Etat. Mais, y a-t-il encore un Etat dans cette Algérie ?
Un dicton très algérien largement évoqué comme consolation stipule que : " Ne restera dans l'oued que ses pierres. " Reste lesquelles. Les pierres tombales. Ou les pierres d'une indifada qui endiguera la déchéance de cette chère Algérie.
(algeria watch)
Le 9 novembre, ce n'est pas le ciel qui est tombé sur la tête des Algériens. Mais c'est la terre qui a déversé sa colère. Les eaux en furie ont fait émerger sur le flot des médias l'image d'un peuple toujours furieux.Les rues où déferlaient pendant des années de manifestants refusant de mourir pour l'un ou pour l'autre ; les rues dans lesquelles on " sortait " contre l'attribution frauduleuse des sièges en criant " pouvoir assassin " ou contre l'attribution scandaleuse des logements en criant " pouvoir voleur" ; les rues dans lesquelles on " marchait " contre la dictature ; ces rues brutalement étouffées et noyées dans le sang, charrient maintenant les morts. Les même rues que le feu a échoué de rendre complètement désertes, l'eau les a fait déborder.
La pluie tant espérée, après des mois de sécheresse et d'eau rationnée, plonge les Algériens dans l'impitoyable réalité: le cauchemar n'est pas fini. A l'image des chantiers devenant bourbiers et des maisons inachevées qui achèvent les sinistrés emportés par les eaux. A l'image de la méditerranée qui renvoie les corps sans vie de ceux qui espéraient la traverser un jour. Alors que peut-on espérer d'un Etat où sécheresse et intempéries tuent indifféremment, où l'eau, rare ou abondante, tue inexorablement ?
La mort criminelle en Algérie n'est pas l'apanage de la guerre. Et ce n'est pas la nature qui vient de déclarer la guerre contre ce pauvre Etat. Ce pauvre Etat que la nature a doté de richesses tellement enviées et tellement dilapidées.
L'hécatombe n'est pas imputable à la nature. Peu importe sa force, c'est une tempête, ce n'est pas un typhon. On peut mourir naturellement mais ce n'est pas la nature qui tue. En Algérie, on meurt de plus en plus de faim. Et les légendaires et indécrottables fierté et décence algériennes censurent. En Algérie on se tue de plus en plus par honte de ne plus pouvoir subvenir aux besoins de sa famille, souvent sur les lieux de travail.
Flash-back : au moment où la tuberculose endeuillait Mostaganem qui était envahie par les rats chassés des égouts par la montée des eaux, le président inventait la formule du " terrorisme de la faim " lors de la " conférence nationale sur la lutte contre la pauvreté " qu'il a pompeusement inaugurée, ce président croit-il gérer le bateau dont il a les commandes en passant la moitié de son mandat à l'Etranger ? A la différence des autres tyrans, ne dit-il pas " avec moi le déluge " et non pas " après moi le déluge " ?
Les vautours et les colombes font partie de la nature, mais pas les vautours qui se déguisent en colombes. Redisons-le : on peut mourir naturellement mais ce n'est pas la nature qui tue. La typhoïde tue, de plus en plus en Algérie. La grippe tue et collectionne, comme les attentats terroristes, des démentis solennellement et précipitamment communiqués.
En Algérie la route tue, comme les routes des autres Etats du monde ; mais la cause est la vétusté du réseau routier et du parc automobile. Aussi vétustes que ses dirigeants qu'on recycle sans cesse. En Algérie, le tabac tue, comme dans les autres Etats du monde ; mais il y a aussi le passage à tabac qui tue. Et il y a surtout le tabac qu'on fume pour noyer sa conscience.
Naturellement, les séismes tuent ; la terre tremble quelques secondes pour produire des morts. Mais l'Etat algérien produit des morts depuis dix ans pour ne plus trembler.
Que reste-t-il de l'espoir avec " Le dernier quart d'heure du terrorisme " sempiternellement évoqué pour rassurer une population dont le quart vit maintenant, et officiellement, sous le seuil de pauvreté ? Que reste-t-il de la dignité d'un peuple quand ses enfants, déshabillés par le trousseau scolaire, fuient l'école et fouillent les bennes à ordures.
Que reste-t-il de la démocratie quand s'effrite sa colonne vertébrale qu'est la classe moyenne ? Que reste-t-il de l'intelligence quand les élites louent et défendent le règne des ignorants promus, par le crime ou la corruption, hommes d'Etat ? Que reste-t-il de l'Etat quand des clans se le déchirent comme un vilain butin ? Que reste-t-il de l'autorité quand le peuple boude les urnes et survit dans s l'anarchie ?
En Algérie, la majorité des autorités locales ne connaissent pas la configuration des réseaux d'eau. Cette Algérie qui est gérée sordidement et cyniquement par des " réseaux " qui traversent la méditerranée. Ces réseaux nommés " la mafia politico-financière " par l'un des nombreux présidents d'Etat algériens et " le syndicat du crime " par sa veuve.
Cette mafia qui est très habile quant à l'organisation des tueries et des pénuries, à la désorganisation de la société civile et des entreprises publiques, ne peut même pas organiser des secours immédiats après la tempête. Cette mafia qui infiltre toutes les organisations se contrefiche des eaux usées qui infiltrent les réseaux d'eau potable. Cette mafia qui étouffe toutes les manifestations qui veulent évacuer la haine et les peurs, ne se soucie pas des conséquences du blocage du réseau d'évacuation des eaux.
Cette mafia qui brûle les usines des sociétés nationales pour liquider ses marchandises en attente dans des bateaux en rade, cette mafia qui brûle la Mitidja pour se construire des châteaux, qui déboise et déséquilibre l'ordre écologique et social pour ne pas chavirer de son trône, cette mafia dirigée par les " Verts " les plus décorés est défendue par des intellectuels qui ne se soucient que de l'épuration de la société qui a défié la dictature en 1991.
L'Algérie est un pays à l'abandon. Une décennie de guerre civile a noirci son horizon. " Où va l'Algérie ? " ne se pose plus. Le laissez-aller s'impose comme une fatalité et l'insouciance gangrène de plus en plus la société. Le peuple qui s'est révolté à plusieurs reprises et dans plusieurs ville est malheureusement démoralisé jusqu'au dégoût par l'indifférence de l'Occident ou par ses réactions calculées.
Mais comme il a payé son indépendance de sa chair, il sait qu'il paiera la liberté aussi chèrement. Son pays à l'abandon ne sera jamais bradé pour un autre même s'il veut bien le quitter pour un autre. En Algérie, La révolte est le passé toujours présent du peuple. La liberté est son avenir.
En Algérie, le crime est un mode d'administration. L'irresponsabilité est une culture d'Etat. L'incurie est un crime d'Etat. Mais, y a-t-il encore un Etat dans cette Algérie ?
Un dicton très algérien largement évoqué comme consolation stipule que : " Ne restera dans l'oued que ses pierres. " Reste lesquelles. Les pierres tombales. Ou les pierres d'une indifada qui endiguera la déchéance de cette chère Algérie.
(algeria watch)
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