Alger ne lit pas les documents de l'ONU, elle en dresse d'autres taillés à ses propres mensurations.
Comme attendu, le rapport du Secrétaire général de l'ONU sur le Sahara a été rendu public et transmis pour débats au Conseil de sécurité.Comme attendu également, la réaction annoncée de l'Algérie à ce rapport et la lecture toute particulière qu'elle en fait, fidèle à une vieille habitude de sa diplomatie qui tient toujours au chaud, sont une vraie bourde pour tuer une grande idée.Ne s'en tenant manifestement qu'à la simple et étroite logique de ses propres intérêts, nourris en permanence par d'incompréhensibles prétentions régionales, l'Algérie garde constamment en poche une manœuvre destinée à obstruer les voies menant au rivage salutaire de la paix et de la concorde maghrébine.Faisant sa propre lecture du rapport onusien, la diplomatie algérienne, tient, dit-elle, à saluer la «constance» de la position (de l'ONU) sur la question du Sahara…Cette vision relève bien entendu du seul art où l'Algérie se réalise le mieux : l'amalgame.Il est en effet de notoriété publique que la position de l'ONU sur cette question a beaucoup évolué en fonction des données nouvelles sur le terrain, des exigences de réalisme et de sincérité, et de la volonté de plus en plus affichée de la communauté internationale d'amener l'Algérie à résipiscence pour mettre fin à cette grande escroquerie morale et politique.CalomnieLa diplomatie algérienne qui feint d'ignorer cette réalité par ailleurs criante de notoriété, non par cécité politique mais par calcul de sa calculette, n'a qu'à se poser cette question : qui à l'ONU, comme ailleurs, parle encore du plan de règlement, de référendum, d'inscription aux listes électorales, de plan Baker ? Autant de scenarii qui ne figurent plus dans les résolutions du Conseil de sécurité auxquelles la diplomatie algérienne se réfère impudemment dans sa lecture tronquée du rapport onusien.Il y a donc une nette « évolution» de la position de la communauté internationale sur cette question et non une «constance», deux termes antinomiques, si, dans le lexique algérien, les mots ont encore un sens.Tout évolue et tout est sujet à évolution, à l'exception de la diplomatie algérienne qui reste figée dans une rigidité que même les analystes les plus séduits par le discours algérien trouvent trop monocorde pour ne pas être suspecte.La déclaration du porte-parole algérien réagissant au rapport de l'ONU est par ailleurs truffée de formulations qui font la mélodie préférée d'Alger telles que «parachèvement du processus de décolonisation du Sahara» ou encore «ce dernier cas de décolonisation en Afrique», des expressions qui ne figurent nulle part dans le rapport de l'ONU, ni de manière textuelle, ni par insinuation, ni de façon allusive.Par contre, l'appel à la négociation adressé également à l'Algérie, nommément citée dans le rapport, a été passé sous silence par celui qui porte la parole algérienne.En fait, l'Algérie ne lit pas les documents de l'ONU, elle en dresse d'autres taillés à ses propres mensurations, celles qui la font rêver le jour et la privent de sommeil la nuit.Chemin faisant, elle nous rappelle l'avis de la Cour internationale de justice et son analyse sur l'existence ou non des liens de souveraineté entre le Maroc et ses provinces sahariennes, omettant bien sûr, par plaisir pervers de pousser la ruse à son art suprême, de rappeler le verdict tranchant de cette même cour, sur l'existence avérée de liens d'allégeance entre les populations du Sahara et les Rois du Maroc. Or l'allégeance n'est autre qu'un acte responsable, librement consenti, entre une population et une autorité suprême, par lequel la première fait acte de soumission volontaire à la seconde, moyennant sur un territoire donné, des droits et des obligations pour les uns et les autres.De grâce ! Par quels autres liens les autorités algériennes pourraient-elles se prévaloir dans leurs relations avec les populations de Tipazza, de Kabylie ou de Aïn Defla ?Nul ne sera surpris si du chapeau de cet anonyme porte-parole sorte une réponse toute algérienne à cette question, comme nul n'a été surpris par la dernière proposition algérienne sur le Sahara faite par la voix du polisario, et qui consiste en un braconnage au cimetière des Nations unies pour en extraire le défunt plan Baker.Quand le monde des vivants n'évolue pas dans le sens voulu par Alger, la diplomatie algérienne ne trouve apparemment aucune gêne à fouiller du côté des linceuls.
(Le Matin 18/04/2007)
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