A en juger par les égorgements et les attentats à la bombe figurant en bonne place sur son site internet, le GSPC incarne la menace politique la plus grave pesant sur l'Algérie.
Le Groupe salafiste pour la prédication et le combat s'est fait plus menaçant encore, du moins en apparence, le 13 septembre, quand il a annoncé qu'il rejoignait Al Qaïda au moment où le numéro deux de la nébuleuse islamiste armée, Ayman al Zaouahri, s'en prenait directement à la France.
Mais pour les Algériens qui ont vécu 14 années d'un conflit meurtrier entre l'armée et des groupes islamistes radicaux, l'agitation sociale et la montée en puissance du crime organisé favorisés par la pauvreté sont bien plus graves encore.
L'emploi, le logement, la santé et l'éducation doivent être au coeur de l'effort de stabilisation de ce pays producteur de pétrole comptant 33 millions d'habitants, qui peine à se remettre du traumatisme des années 1990.
S'il inquiète encore, le GSPC est incapable de mener à bien les attentats spectaculaires qui sont la marque de fabrique d'Al Qaïda, estiment des analystes pour qui l'annonce de son ralliement au réseau d'Oussama ben Laden peut être interprété comme un signe de faiblesse.
"Le désarroi interne du GSPC le pousse à trouver un soutien extérieur", écrit ainsi l'influent quotidien algérien Liberté. "Même s'il conserve sa capacité de nuisance, il n'en est pas moins vrai que le groupe terroriste a du mal à agir sur son sol."
"LEURS MENACES NE NOUS FONT PAS PEUR"
Le GSPC, qui a rejeté l'amnistie accordée par le gouvernement aux rebelles afin de tourner la page de la violence, avait déjà publié en septembre 2003 un communiqué dans lequel il disait prêter allégeance à Al Qaïda.
Pour certains - et notamment, bien sûr, les services de sécurité - la réitération de cette allégeance dénote que le groupe est en perte de vitesse.
"Leurs menaces ne nous effraient pas", souligne à ce sujet Ali Tounsi, directeur général de la Sûreté nationale, cité par le journal El Watan.
"S'ils avaient les moyens de faire quelque chose (comme Al Qaïda), ils l'auraient déjà fait. Nous avons pris toutes les mesures et disposons de toutes les ressources nécessaires pour garantir la sécurité."
"Pour le GSPC, si vous agissez sous le nom d'Al Qaïda, cela vous rend plus attractif", affirme pour sa part le membre d'un service européen de sécurité.
Le conflit en Algérie a fait jusqu'à 200.000 morts, selon les estimations. Il a été déclenché par l'annulation en 1992, par l'armée, d'élections que le Front islamique du salut, parti islamique radical, était en passe de remporter.
Les violences se sont fortement atténuées ces dernières années, mais un demi-millier de rebelles armés sont toujours dans le maquis, bien décidés à renverser le gouvernement et à le remplacer par un Etat islamique pur et dur.
"Les moyens opérationnels du GSPC semblent très limités", estime toutefois Sarah Meyers, analyste auprès du Control Risks Group, groupe anglais spécialisé dans l'évaluation des risques-pays.
SE RECENTRER SUR LE SOCIAL
Le plus gros défi qu'ont à relever les autorités est à présent de nature économique, un secteur négligé dans les années 1990.
"Le pays sort d'un conflit civil incroyablement brutal au cours duquel le gouvernement s'est concentré principalement sur les problèmes de sécurité", souligne Meyers. "Les problèmes sociaux ont été relégués au second plan pendant plus d'une décennie."
Selon les autorités, le taux de chômage est de 15,5% mais des analystes indépendants évoquent un chiffre bien plus élevé. Ecotechnics, une société de conseil privée, l'estime à 24%.
L'Algérie peine à se réformer après plusieurs décennies de planification centrale mais la corruption, la bureaucratie et l'opacité des procédures freinent les investissements étrangers et l'importation de savoir-faire.
L'économie a été sous la coupe rigide de l'Etat jusqu'au début des années 1990 et de nombreux Algériens souhaitent que ce dernier utilise les revenus du gaz et du pétrole pour créer des emplois.
Les autorités ont conscience que la colère suscitée par le chômage et le sentiment d'abandon de la population ont facilité les efforts de recrutement par les groupes islamistes radicaux dans les années 1980 et au début des années 1990.
Elles sont déterminées à ne pas laisser les islamistes exploiter ce mécontentement une nouvelle fois.
"Exportatrice de richesse et importatrice de pauvreté: c'est le triste Etat de notre économie", a déclaré l'ancien Premier ministre Ahmed Benbitour. "Si rien n'est fait pour investir dans le secteur productif, une explosion sociale est probable."
par William MacleanLe Groupe salafiste pour la prédication et le combat s'est fait plus menaçant encore, du moins en apparence, le 13 septembre, quand il a annoncé qu'il rejoignait Al Qaïda au moment où le numéro deux de la nébuleuse islamiste armée, Ayman al Zaouahri, s'en prenait directement à la France.
Mais pour les Algériens qui ont vécu 14 années d'un conflit meurtrier entre l'armée et des groupes islamistes radicaux, l'agitation sociale et la montée en puissance du crime organisé favorisés par la pauvreté sont bien plus graves encore.
L'emploi, le logement, la santé et l'éducation doivent être au coeur de l'effort de stabilisation de ce pays producteur de pétrole comptant 33 millions d'habitants, qui peine à se remettre du traumatisme des années 1990.
S'il inquiète encore, le GSPC est incapable de mener à bien les attentats spectaculaires qui sont la marque de fabrique d'Al Qaïda, estiment des analystes pour qui l'annonce de son ralliement au réseau d'Oussama ben Laden peut être interprété comme un signe de faiblesse.
"Le désarroi interne du GSPC le pousse à trouver un soutien extérieur", écrit ainsi l'influent quotidien algérien Liberté. "Même s'il conserve sa capacité de nuisance, il n'en est pas moins vrai que le groupe terroriste a du mal à agir sur son sol."
"LEURS MENACES NE NOUS FONT PAS PEUR"
Le GSPC, qui a rejeté l'amnistie accordée par le gouvernement aux rebelles afin de tourner la page de la violence, avait déjà publié en septembre 2003 un communiqué dans lequel il disait prêter allégeance à Al Qaïda.
Pour certains - et notamment, bien sûr, les services de sécurité - la réitération de cette allégeance dénote que le groupe est en perte de vitesse.
"Leurs menaces ne nous effraient pas", souligne à ce sujet Ali Tounsi, directeur général de la Sûreté nationale, cité par le journal El Watan.
"S'ils avaient les moyens de faire quelque chose (comme Al Qaïda), ils l'auraient déjà fait. Nous avons pris toutes les mesures et disposons de toutes les ressources nécessaires pour garantir la sécurité."
"Pour le GSPC, si vous agissez sous le nom d'Al Qaïda, cela vous rend plus attractif", affirme pour sa part le membre d'un service européen de sécurité.
Le conflit en Algérie a fait jusqu'à 200.000 morts, selon les estimations. Il a été déclenché par l'annulation en 1992, par l'armée, d'élections que le Front islamique du salut, parti islamique radical, était en passe de remporter.
Les violences se sont fortement atténuées ces dernières années, mais un demi-millier de rebelles armés sont toujours dans le maquis, bien décidés à renverser le gouvernement et à le remplacer par un Etat islamique pur et dur.
"Les moyens opérationnels du GSPC semblent très limités", estime toutefois Sarah Meyers, analyste auprès du Control Risks Group, groupe anglais spécialisé dans l'évaluation des risques-pays.
SE RECENTRER SUR LE SOCIAL
Le plus gros défi qu'ont à relever les autorités est à présent de nature économique, un secteur négligé dans les années 1990.
"Le pays sort d'un conflit civil incroyablement brutal au cours duquel le gouvernement s'est concentré principalement sur les problèmes de sécurité", souligne Meyers. "Les problèmes sociaux ont été relégués au second plan pendant plus d'une décennie."
Selon les autorités, le taux de chômage est de 15,5% mais des analystes indépendants évoquent un chiffre bien plus élevé. Ecotechnics, une société de conseil privée, l'estime à 24%.
L'Algérie peine à se réformer après plusieurs décennies de planification centrale mais la corruption, la bureaucratie et l'opacité des procédures freinent les investissements étrangers et l'importation de savoir-faire.
L'économie a été sous la coupe rigide de l'Etat jusqu'au début des années 1990 et de nombreux Algériens souhaitent que ce dernier utilise les revenus du gaz et du pétrole pour créer des emplois.
Les autorités ont conscience que la colère suscitée par le chômage et le sentiment d'abandon de la population ont facilité les efforts de recrutement par les groupes islamistes radicaux dans les années 1980 et au début des années 1990.
Elles sont déterminées à ne pas laisser les islamistes exploiter ce mécontentement une nouvelle fois.
"Exportatrice de richesse et importatrice de pauvreté: c'est le triste Etat de notre économie", a déclaré l'ancien Premier ministre Ahmed Benbitour. "Si rien n'est fait pour investir dans le secteur productif, une explosion sociale est probable."
ALGER (Reuters)
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