«Il est important que la situation évolue dans les six prochains mois, notamment après la présentation du rapport du nouveau secrétaire général de l’ONU», c’est ce que nous a déclaré le directeur du protocole de la RASD, Brahim Ben Mokhtar, lors d’une rencontre qui s’est déroulée lundi dernier au camp de Rabouni, capitale politique de la RASD, à quelques jours de la réunion du Conseil de sécurité de l’ONU. Une réunion prévue demain, qui devra se pencher sur l’adoption d’une résolution réaffirmant le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination.Le directeur de protocole de la RASD a souligné que les Sahraouis sont «favorables à toutes les initiatives prises par l’ONU afin d’aboutir à des négociations dans les plus brefs délais. Le plus important pour nous est d’avoir des garanties concernant le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et l’organisation en toute liberté et en toute légalité d’un référendum». Il ajoutera que le Polisario est prêt à accepter le choix du peuple sahraoui, quelle que soit la décision qu’il prendra parmi les trois possibilités qui lui sont offertes.Invité par les journalistes a donner plus d’explications sur l’inconditionnalité, M. Ben Mokhtar a indiqué : «Le secrétaire général de l’ONU voulait certainement sous-entendre les conditions présidant au début des négociations, en l’occurrence toutes les préparations inhérentes. Il faut dire qu’à l’époque de M. James Baker, on s’attardait beaucoup sur des questions de forme, telles que la composition des délégations qui seront présentes à la négociation, si la table devait être ronde ou carrée et s’il devait y avoir les emblèmes nationaux ou non.»Et notre interlocuteur d’ajouter : «Il est temps, pour le bien de la stabilité régionale et aussi pour le respect de la légalité internationale, que le peuple sahraoui puisse, enfin, se prononcer sur son sort sous le contrôle des Nations unies.»Concernant les rumeurs selon lesquelles des négociations secrètes auraient eu lieu entre le Front Polisario et les autorités marocaines, le directeur national du protocole de la RASD nie fermement l’existence de ces négociations en soulignant que «le Front nie ce genre de rumeurs. On aspire à des négociations avec les Marocains sous l’égide de l’ONU, et non pas secrètement. Nous avons été les initiateurs pour aller aux tables des négociations, tel que souligné dans le rapport que nous avons remis au SG de l’ONU». Dans ce rapport, la RASD a insisté sur deux points essentiels. Le premier réside dans la nécessité de respecter le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et l’organisation rapide d’un référendum sous l’égide de l’ONU. Quant au deuxième, il est tributaire de l’issue du référendum. Si celui est en faveur de l’indépendance du peuple sahraoui, l’Etat sahraoui sera alors prêt à engager des pourparlers avec le Maroc, en tant que pays voisin pour garantir un règlement équitable de toutes les questions d’intérêts sécuritaire, économique et social. Brahim Ben Mokhtar souligne ainsi la bonne volonté de la partie sahraouie d’assurer la stabilité et de garantir les intérêts communs entre les pays maghrébins dans le respect mutuel. Concernant la question de l’existence de prisonniers marocains qui a été médiatisée suite à la diffusion il y a une semaine d’un documentaire sur une chaîne satellitaire arabe, le directeur de protocole a déclaré : «Il y a deux ans, nous avons rendu aux Marocains le dernier convoi de prisonniers qui était composé de 104 individus. Il n’en existe plus aucun aujourd’hui. Par contre, il y a encore 151 prisonniers politiques sahraouis chez les Marocains et nous dénombrons près de 400 civils portés disparus.»Abordant la position française qui soutient l’initiative du Maroc relative à l’autonomie, le représentant de la RASD estime que «la position française s’explique par les liens étroits, personnels et même familiaux qu’entretient le président Chirac avec la famille royale marocaine. D’autant plus que Hassan II avait fait promettre au président français de soutenir ses héritiers». Toutefois, il soulignera que le Front Polisario n’est pas dupe des transactions qui sont déjà en train d’être passées pour que la France maintienne sa position contre les intérêts du peuple sahraoui, à l’instar de la visite récente de Zapatero à Ségolène Royal. Brahim Ben Mokhtar reviendra également sur la position de l’Etat espagnol et précisera que le Sahara occidental a été «surpris par la position des autorités espagnoles, représentée par les socialistes dont les idéaux sont anticolonialistes. C’est une position qui va à contresens de la légalité internationale et en opposition avec l’opinion publique espagnole. On peut expliquer cela par les enjeux économiques du fait que plus de 1 000 entreprises espagnoles soit sont implantées au Maroc, soit entretiennent des échanges commerciaux avantageux avec leurs homologues du royaume chérifien. Mais nous sommes persuadés qu’après les manifestations qui ont eu lieu le 21 avril à Madrid, les autres partis politiques et les organisations de la société civile en faveur du peuple sahraoui mettent la pression sur la classe dirigeante espagnole afin qu’elle change de position concernant le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui». Pour conclure, le directeur du protocole de la RASD confiera que les autorités sahraouies sont persuadées que le Conseil de sécurité de l’ONU prolongera le 27 avril le mandat de la Minurso jusqu’au 31octobre. Mais il estime que ce qui est véritable en jeu, c’est ce qui va se passer durant les six prochains mois. Ce, d’autant que les autorités du Front Polisario subissent une forte pression de la part de la nouvelle génération qui veut reprendre la lutte armée. Aussi, si après l’expiration du mandat de la Minurso, aucun changement n’intervient, la porte sera ouverte à toutes les possibilités, dont celle de la reprise de la lutte armée. Et le Polisario n’aura d’autre choix que de se soumettre à la décision de son peuple dans ce sens lors du prochain congrès prévu vers la fin de cette année. Brahim Ben Mokhtar précisera : «Nous continuons à privilégier une solution politique à la crise. Mais si l’état de statu quo continue, la reprise des armes sera inévitable.»
La tribune 26/04/2007
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