Le patron de la lutte anti-drogue en Algérie tire la sonnette d'alarme sur la transformation de Tindouf en paradis des trafiquants de drogue. La production et le trafic de haschich sont en train de transférer leurs activités criminelles en Algérie. C'est ce que vient de révéler, jeudi 8 novembre, Kasmi Aïssa, directeur de la coopération internationale de l'Office national algérien de lutte contre la drogue dans un entretien accordé à la deuxième chaîne de la Radio algérienne. Invité de l'émission «Rendez-vous du jeudi», le patron des services anti-drogue du ministère algérien de l'Intérieur a fait preuve d'une transparence peu habituelle dans ce pays. «Durant cette année, 93.000 plants de cannabis et 60.000 d'opium ont été saisis en Algérie, notamment dans les régions frontalières du pays», a-t-il indiqué. Ancien directeur général de la sûreté nationale algérienne, Kasmi Aïssa est l'un des meilleurs spécialistes de la lutte contre le trafic de drogue du sud de la Méditerranée. Ses affirmations ne peuvent donc être considérées à la légère comme de simples constats mais plutôt comme une alerte qu'il adresse aux dirigeants algériens sur l'ampleur que le phénomène est en train de prendre. «Il faut tirer la sonnette d'alarme avant qu'il ne soit trop tard», a-t-il dit avant d'ajouter que : «l'ensemble de la société est interpellé par ce phénomène dévastateur».Selon le responsable algérien, parmi les zones les plus touchées par ce phénomène, figure la région de Tindouf. Une zone géographique qui attire toutes sortes d'activités délictuelles depuis plusieurs décennies, mais qui, ces dernières années, semble devenir le carrefour des circuits criminels établis en Afrique subsaharienne et l'Europe via le Maghreb. Ce qui est tout à fait normal étant donné qu'il s'agit d'une zone qui échappe à un véritable contrôle de l'Etat algérien. Une zone où un commandement militaire relevant de la DRS (sécurité militaire) agit d'une manière presque autonome en complicité avec des groupuscules armés du Polisario et qui s'adonnent en toute impunité à des activités de trafic allant de l'immigration clandestine au trafic de drogue en passant par d'autres encore plus dangereuses comme le trafic d'armes qui profite à des cellules terroristes. En avril dernier, les autorités algériennes avaient découvert 5 hectares de cannabis dans la région de Tindouf. La presse algérienne avait alors révélé que le Sahara algérien était truffé de champs de cannabis et que plusieurs avaient été détruits par les forces de sécurité. Selon le quotidien Achourouk, plus de deux tonnes de résine de cannabis avaient été saisies, le 1er avril, par des douaniers algériens près de Tindouf. Le patron de la direction de la lutte contre la drogue a signalé par ailleurs que si la culture et le trafic de drogue se sont largement développés ces dernières années en Algérie, c'est parce que le Maroc est en train de réussir son combat contre ce fléau. «Le Maroc a décidé de lutter contre le trafic de drogue alors les trafiquants veulent l'investir en Algérie», a-t-il souligné.
Le 12-11-2007 Omar DAHBI-ALM
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