C'est un rituel. Comme chaque année, le département d'Etat américain délivre ses mauvais points en matière de respect des libertés religieuses. L'Algérie y est créditée d'une régression en matière de respect des libertés religieuses par le gouvernement. L'Algérie, tout comme la Chine et l'Egypte, sont ainsi les mauvais élèves dans ce rapport qui dresse un état de l'évolution des libertés religieuses, entre juillet 2007 et juillet 2007. En Algérie, écrivent les auteurs du rapport, « la politique du gouvernement, aussi bien de jure que de facto, a provoqué un déclin du statut des libertés religieuses pendant la période sous revue ». En cause, bien entendu, l'ordonnance n° 06-03 du 28 février 2006 fixant les conditions et règles d'exercice des cultes autres que musulman. Le dispositif visant à encadrer et à contrôler l'exercice du culte avait précisé dans le Décret exécutif n° 07-135 du 19 mai 2007 fixant les conditions et modalités de déroulement des manifestations religieuses des cultes autres que musulman. Il est clair que ce ne sont pas seulement ces dispositions juridiques qui poussent le département d'Etat américain à faire la « leçon » à l'Algérie. Depuis 2007 et début 2008, des journaux arabophones ont fait leurs choux gras d'une « menace évangéliste » qui menacerait l'unité du pays. Des dignitaires religieux sont montés au créneau pour accuser les évangélistes d'oeuvrer à constituer une minorité religieuse destinée à justifier les ingérences étrangères. Les choses se sont corsées avec des procès intentés à certains convertis et notamment à Habiba K. Si pour les autorités et les dignitaires religieux, il s'agit de signifier à un mouvement évangéliste, qui n'a rien d'angélique, qu'il ne peut pas agir à sa guise, la mise en oeuvre du dispositif a été aveugle.
Mauvaise pub Au point de toucher la vieille église catholique, qui en était arrivée à douter sur le fait, qu'on la décrétait indésirable au pays de Saint Augustin. Ces campagnes et surtout les procès ont entraîné une médiatisation internationale intense qui dressait une image négative des libertés religieuses en Algérie. De nombreux sites, spécialement dédiés aux « frères chrétiens victimes de persécution » en Algérie, ont été créés. L'image extérieure de l'Algérie s'est tellement dégradée que les autorités se sont senties obligées de se défendre, de mener une campagne de persécution contre les chrétiens et qu'elles ne faisaient que généraliser une loi qui s'appliquait déjà pour le culte musulman. L'argument n'est pas faux. La méfiance à l'égard des mouvements évangélistes non plus n'est pas infondée. Des liens existent bel et bien entre des évangélistes chrétiens prosélytes et les services secrets américains. A plus forte raison, pour ceux qui suivent les prêches haineux contre les musulmans des dirigeants de ces mouvements évangélistes aux Etats-Unis. On peut penser que les autorités n'ont pas tort de ne pas faire de cadeau à des chrétiens-sionistes qui veulent mettre les Palestiniens hors des territoires qui leur restent. Le problème est que l'on a agi avec une succession de maladresses, mélangeant entre des mouvements évangélistes agressifs et les églises historiques établies en Algérie.
L'islamophobie non réprouvée des pasteurs américains Le Père Pierre Wallez, arrêté et condamné à deux mois de prison avec sursis, pour avoir prié avec des migrants chrétiens, c'était plus qu'excessif. C'était se faire une mauvaise pub, largement exploitée d'ailleurs par les évangélistes dans les médias et sur le net. L'Algérie a en effet pris le risque de brouiller la ligne entre le droit légitime de tout Etat de créer un cadre légal pour la pratique des cultes et le respect de la liberté de conscience reconnue par la Constitution. Aussi déplaisant que cela a pu être pour les autorités, la pétition d'intellectuels et de militants des droits de l'Homme, lancée en mars 2008, servait en réalité l'image de l'Algérie, en montrant que tous ne faisaient pas de confusion. Cet appel d'Algériens pour les libertés démocratiques, dont celle du culte, est en tout cas beaucoup digne d'être écouté et entendu que le rapport, totalement hypocrite, d'un Etat où le Patriot Act bafoue allégrement les libertés et celles des musulmans en particulier. Les manifestations d'intolérance et de racisme exprimées régulièrement par des pasteurs américains contre les musulmans relèvent de l'ordinaire. Sans susciter de réprobation publique, et encore moins de poursuites légales. Faut-il s'étonner qu'Israël, qui empêche par la force les Palestiniens d'accéder à la mosquée Al-Aqsa, ne soit pas créditée d'une quelconque régression de la liberté du culte ?
Mauvaise pub Au point de toucher la vieille église catholique, qui en était arrivée à douter sur le fait, qu'on la décrétait indésirable au pays de Saint Augustin. Ces campagnes et surtout les procès ont entraîné une médiatisation internationale intense qui dressait une image négative des libertés religieuses en Algérie. De nombreux sites, spécialement dédiés aux « frères chrétiens victimes de persécution » en Algérie, ont été créés. L'image extérieure de l'Algérie s'est tellement dégradée que les autorités se sont senties obligées de se défendre, de mener une campagne de persécution contre les chrétiens et qu'elles ne faisaient que généraliser une loi qui s'appliquait déjà pour le culte musulman. L'argument n'est pas faux. La méfiance à l'égard des mouvements évangélistes non plus n'est pas infondée. Des liens existent bel et bien entre des évangélistes chrétiens prosélytes et les services secrets américains. A plus forte raison, pour ceux qui suivent les prêches haineux contre les musulmans des dirigeants de ces mouvements évangélistes aux Etats-Unis. On peut penser que les autorités n'ont pas tort de ne pas faire de cadeau à des chrétiens-sionistes qui veulent mettre les Palestiniens hors des territoires qui leur restent. Le problème est que l'on a agi avec une succession de maladresses, mélangeant entre des mouvements évangélistes agressifs et les églises historiques établies en Algérie.
L'islamophobie non réprouvée des pasteurs américains Le Père Pierre Wallez, arrêté et condamné à deux mois de prison avec sursis, pour avoir prié avec des migrants chrétiens, c'était plus qu'excessif. C'était se faire une mauvaise pub, largement exploitée d'ailleurs par les évangélistes dans les médias et sur le net. L'Algérie a en effet pris le risque de brouiller la ligne entre le droit légitime de tout Etat de créer un cadre légal pour la pratique des cultes et le respect de la liberté de conscience reconnue par la Constitution. Aussi déplaisant que cela a pu être pour les autorités, la pétition d'intellectuels et de militants des droits de l'Homme, lancée en mars 2008, servait en réalité l'image de l'Algérie, en montrant que tous ne faisaient pas de confusion. Cet appel d'Algériens pour les libertés démocratiques, dont celle du culte, est en tout cas beaucoup digne d'être écouté et entendu que le rapport, totalement hypocrite, d'un Etat où le Patriot Act bafoue allégrement les libertés et celles des musulmans en particulier. Les manifestations d'intolérance et de racisme exprimées régulièrement par des pasteurs américains contre les musulmans relèvent de l'ordinaire. Sans susciter de réprobation publique, et encore moins de poursuites légales. Faut-il s'étonner qu'Israël, qui empêche par la force les Palestiniens d'accéder à la mosquée Al-Aqsa, ne soit pas créditée d'une quelconque régression de la liberté du culte ?
par M. Saâdoune LE QUOTIDIEN D'ORAN
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