Tuesday, January 09, 2007

Algérie: ouverture du procés de l'affaire Khalifa

L’ex-chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, a été demandé à la barre en tant que témoin par l’un des avocats de la défense. “L’affaire Khalifa a éclaté alors que M. Ouyahia était en poste. Son intervention aujourd’hui est plus que vitale pour connaître les tenants et les aboutissants de cette affaire.” Ce à quoi la juge répondra qu’il n’est pas cité dans l’ordonnance, mais “si nous jugeons que son témoignage peut apporter des éclaircissements à cette affaire nous lui ferons appel. La loi est au-dessus de tous”, rétorquera la magistrate. Cette attitude lui vaudra l’acclamation de toute la corporation des avocats.
Le procès tant attendu de l’affaire Khalifa s’est ouvert hier au tribunal criminel près la cour de Blida. Jamais cette instance juridique n’a connu autant de monde depuis son ouverture et la salle d’audience, malgré son élargissement par l’ajout de plusieurs autres sièges, s’est avérée, en définitive, trop petite pour contenir toutes les personnes présentes. C’est à 9h30 que le tribunal, dirigé par la juge Mme Brahimi Fatiha, s’est ouvert. Journalistes et photographes y étaient en force. Ils étaient autorisés à prendre des clichés sauf à l’intérieur de la salle. Et c’est par l’appel nominatif des prévenus que la juge ouvre l’audience. En sus des sept accusés en fuite, force est de constater l’absence à l’appel des trois Keramane poursuivis en criminel dans cette affaire. Il s’agit de Keramane Abdelwahab, ex-gouverneur de la Banque d’Algérie, Keramane Abdenour, ex-ministre de l’Energie du temps du gouvernement de Ghozali et Keramane Yasmine, fille de ce dernier et ex-responsable de l’agence d’Airways à Rome. Autrement, tous les prévenus, notamment ceux qui ont fait l’objet de prise de corps avaient répondu présents à l’appel. En somme, ils seront 94 à être appelés à la barre des accusés. Les 10 autres seront jugés par contumace. Toutefois, l’assistance sera surprise de voir, lors de l’appel des témoins, des personnages du monde sportif à l’exemple de Saïd Allik (USMA), Medouar Abdelkrim (ASO), Belloumi Lakhdar, ancien joueur international, Hannachi Mohand Cherif (JSK) et même le commentateur de la chaîne III, Maâmar Djebour. Parmi les personnalités politiques et syndicales citées, mais qui ne se sont pas présentées, l’on peut noter Aboudjerra Soltani et Abdelmadjid Sidi Saïd. A leur sujet, la juge dira : “Si le tribunal aura besoin expressément de leur témoignage, la cour les fera parvenir quitte à utiliser la force publique.” Pour annoncer ensuite, “l’actuel ministre des Finances, M. Mourad Medelci est ci-présent dans la salle pour ceux (avocats, ndlr) qui veulent interroger, mais nous préférons qu’il commencera à s’y présenter à partir de samedi prochain”. Même M. Tebboun Abdelmadjid, ancien ministre de l’Habitat, s’est présenté à la juge en tant que témoin. A son sujet, cette dernière dira qu’il est à la disposition du tribunal au même titre que M. Leksassi, actuel gouverneur de la Banque d’Algérie dont “le témoignage est très important”, insistera la présidente du tribunal, d’autant “qu’il apportera des éclaircissements en matière de technique de gestion”. Viendra ensuite l’appel des victimes. Elles sont au nombre de 300. Ce sont les OPGI qui en constitueront le plus grand nombre du fait que les représentants de toutes les wilayas du pays y avaient répondu présent à l’appel. Ce n’est qu’à 13h que la liste des prévenus, témoins et victimes sera passée en revue. “Les prévenus non détenus peuvent quitter la salle à la suspension de l’audience et revenir demain”, s’adressera la juge aux mis en cause présents dans la salle. Quant à ceux ayant fait l’objet de prise de corps, ils seront tenus à y rester. A ce propos, Me Djamel Boulefrad interviendra au nom de tout le collectif des avocats pour demander la levée des prises de corps. “Ils présentent tous (les prévenus, ndlr) des garanties de représentation et s’ils sont venus d’eux-mêmes, hier, ils pourront le faire durant tout le déroulement du procès”, argumentera-t-il. La demande laissera la juge perplexe, car il faut le dire c’est une lourde responsabilité à assumer surtout que déjà au premier jour d’audience, trois prévenus, les Keramane en l’occurrence, ont fait défaut. C’est dire que le premier jour du procès du siècle, comme il plaît à beaucoup de l’appeler, s’est terminé avec la lecture d’une partie de l’ordonnance de renvoi, celle relative à la chambre d’accusation près la Cour suprême. La présidente du tribunal a jugé utile d’éviter toute une litanie à l’assistance arguant que l’essentiel y est dit. Autrement, le greffier aura à lire plus de 170 pages. Il est important de signaler que deux magistrats supplémentaires ainsi que deux jurés ont été désignés pour assurer la continuité au cas l’un des composants du tribunal ferait défaut surtout que le procès durera plus de 15 jours. M. B.
Abdelmoumen Khalifa, premier prévenu appelé à la barreAbdelmoumen Khalifa, P-DG du groupe qui porte son nom et actuellement en fuite, a été le premier prévenu à être appelé à la barre par la juge, Mme Brahimi Fatiha. Aucun avocat ne s’étant constitué à sa place, la juge a été contrainte de poursuivre l’appel des autres prévenus. Ceci fera dire à un autre avocat, que sans la présence du principal accusé beaucoup de non-dits entacheront ce procès.
Deux jurées refusées par le Procureur général Le procureur général de l’audience du procès Khalifa a refusé deux jurées tirées au sort. Les avocats de la défense ne manqueront pas de dire que quand bien même il a le droit de récuser ou d’accepter les jurées telles que lui confère la loi, “nous aurions préféré qu’une jurée en soit désignée, pour faire l’équilibre”.
La naissance du groupe Khalifa au menu d'aujourd'hui Le procès d’aujourd’hui sera consacré à la naissance du groupe Khalifa, a annoncé la juge avant de clore la première journée du procès. Ceci est motivé pour des besoins de clarté quant à la genèse de l’affaire et l’éclatement du plus grand scandale qu’a connu l’Algérie depuis l’indépendance. “Il nous est tenu de revenir aux premiers balbutiements de cette affaire pour mieux comprendre et suivre le procès”, dira-t-elle.
(le soir d'Algérie 9/1/2007)

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