Les actions violentes ne sont plus l’apanage de la rue car elles s’étendent aux universités.
La flotte de transport universitaire du campus universitaire de Boukhalfa vient d’être renforcée par cinq bus. C’est une exigence qui fait partie des plus importantes demandes des étudiants. Cette dernière n’a été satisfaite que suite à la séquestration du directeur de l’établissement par des étudiants en colère, dans son bureau, pendant deux longues journées. Cette réponse positive est donc intervenue après une action estudiantine musclée, ce qui jette la lumière sur le mode de gouvernance locale qui oblige le recours à la force et à la violence. Pis encore, ce qui est devenu monnaie courante dans la vie quotidienne a fini par s’étendre aux universités, lieux du savoir. L’année dernière, alors que la fermeture des sièges des communes, des daïras et de diverses institutions était déjà chose commune, les étudiants ont recouru à la fermeture des rectorats et des administrations à l’université. En effet, le recours à la force dans la rue a commencé à être adopté par les populations depuis près d’une décennie. Mais, au sein des campus universitaires, les actions se résumaient uniquement à des journées de protestation et à des grèves cycliques. Ces dernières années, par contre, les campus ont défrayé la chronique par des actions violentes.
En effet, l’année dernière, quelques jours après la séquestration du directeur des oeuvres universitaires du campus de Boukhalfa, les étudiants de la faculté des sciences humaines du nouveau pôle de Tamda, ont fermé l’administration et le rectorat durant une journée. La flotte des bus de transport universitaire a été immobilisée pendant de longues semaines par les étudiants. Parallèlement, des querelles ont éclaté à Boukhalfa entre des étudiants et des agents des sociétés de gardiennage privées. A Hasnaoua, l’administration n’a pas échappé à l’action violente. Le recteur a été séquestré dans son bureau après l’échec des négociations avec les étudiants. Ces derniers, pour protester, ont transformé les locaux du rectorat en décharge publique. Quelques temps plus tard, les étudiants du département de français sont entrés dans une grève de la faim qui a duré près d’un mois pour réclamer la satisfaction de leurs revendications. La liste est trop longue pour être entièrement étalée. Cependant, il est à s’interroger sur les causes de cette violence qui émaille les protestations estudiantines. A ce sujet, il est aisé de conclure à travers toutes les déclarations des étudiants, qui ont été émises après chaque action, que la nature des revendications n’explique ni ne justifie le recours à la force. La réponse est donc à chercher ailleurs. Ainsi, à la lumière des dires des étudiants, il s’avère que les actions musclées sont généralement irréfléchies et ne surviennent qu’une fois la colère ayant atteint son paroxysme.
Ce genre de situations, naît généralement du désespoir d’aboutir à une solution. Les étudiants interrogés affirment, en majorité que les opérations du genre sont provoquées par le refus de dialogue des responsables de l’administration. Une fois encore, la gouvernance se trouve a l’origine de la violence qui a succédé au blocage du dialogue. Au chapitre des fermetures des routes et des sièges des administrations, il est établi que les populations usent de ce procédé pour attirer l’attention des responsables et élus locaux. La preuve en est que les autorités ne consentent à dialoguer qu’après la fermeture de leurs administrations par les citoyens.
Les exemples sont légion. Les action sont à présent d’une rare banalité. Ce qui est, par contre dangereux, c’est leur extension dans les milieux universitaires. Enfin, les enseignants comme les étudiants admettent que la responsabilité de cette situation chaotique est partagée. Les problèmes n’engendrent que rarement la violence. C’est bel et bien le manque de dialogue qui en est la cause. Une porte fermée au dialogue est une porte ouverte à la violence.
Kamel BOUDJADI
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