Dans cette métropole du Sud, toute proche des réserves pétrolières, le travail est rare... et surtout cher. Des entreprises de main-d’œuvre, des agents de l’administration et des employés de Sonatrach sont impliqués dans un vaste réseau de trafic de contrats de travail, qui réduit les postulants au rang d’“esclaves modernes”.mercredi 17 mars 2004.
“Il me faudra attendre 60 ans pour espérer décrocher un poste”. En ce samedi 13 mars, dans ce petit couloir sombre et étroit de la mairie de Ouargla, les prévisions désastreuses de Djamel tiennent d’un calcul simple : en deux ans, 5 550 demandes d’emploi se sont amoncelées sur les étagères poussiéreuses du bureau de main-d’œuvre communal. Depuis, 218 seulement ont suscité l’attention bienveillante de recruteurs occasionnels qui monnayent leur “générosité” au prix d’une grande illusion et font de l’embauche des autochtones un luxe éphémère. Parqué comme tant d’autres déshérités devant l’entrée de sésame, ce misérable service de l’emploi de l’APC, Djamel désespère de voir les portes du paradis s’ouvrir enfin et les rivières de pétrole couler à ses pieds. Si Dieu lui procure une longue vie ainsi que de la patience, il devra, comme il dit, attendre sans doute soixante ans avant de retourner dans l’éden planté de derricks qu’il a connu naguère. En 1997 pourtant, le pauvre bougre croyait avoir vaincu la fatalité en parvenant au cœur des champs pétrolifères inaccessibles.
À 80 kilomètres de Ouargla, Hassi-Messaoud, ses puits et l’une de ses compagnies prospères l’accueillaient pour un rendez-vous inespéré avec la chance. Par l’intermédiaire d’un sous-traitant, Djamel trouve une place de factotum. Du matin au soir, il est posté devant l’entrée de la direction générale jusqu’au jour, le onzième plus exactement, où il est renvoyé à cause d’une altercation avec un parent du gérant. “En voulant rentrer à l’intérieur du bâtiment pour m’abriter du soleil et de la chaleur, j’ai essuyé les foudres de cet individu qui m’a jeté à la porte”. Reconduit manu militari à la “frontière” du royaume du pétrole, le refoulé en sortira comme il y est entré, uniquement vêtu de ses loques et sans le sou.
Pendant près de deux semaines, il avait travaillé au pays de l’or noir... au noir. Sans trace dans la liste des effectifs de son ancien employeur, Djamel est également inconnu auprès du sous-traitant qui a effacé d’un trait son passage dans ses bureaux et les termes de la transaction dont il fut l’objet. Ni bulletin de paye ni déclaration à la sécurité sociale..., les négociants cupides n’avaient pas de scrupules. Avec la bénédiction et la complicité de commis véreux, ils ont vu en lui un esclave, un de plus, dans la République de la justice sociale où la traite est érigée en principe de rentabilité. Incursion dans le monde de la maffia de la main-d’œuvre. Accusés, dévoilez-vous !
Des “négriers” impunis “Ce sont des négriers !”. Pour le président de la République et son Chef du gouvernement, les coupables à l’origine du mécontentement des jeunes de Ouargla sont les responsables des agences d’intérim. Le verbe haut et la réaction prompte, Bouteflika et Ouyahia ont décidé du gel immédiat de ces entreprises et l’envoi de représentants de la direction nationale de l’emploi et de l’inspection du travail pour veiller à l’instauration d’une plus grande équité et la transparence dans le recrutement. Qu’en est-il de ces mesures ? Leur application réglera-t-elle le problème du chômage dans la wilaya ? Rien n’est sûr !
“La fermeture des agences conduira uniquement à l’augmentation du nombre des sans-emploi. Que deviendra leur personnel et tous ces travailleurs dont ils gèrent les contrats de placement dans les sociétés nationales et étrangères ?”, se demande Ahmed, circonspect. Logiquement, il a tout à gagner de la disparition des sous-traitants, ces “chasseurs de bras, voleurs de pain” qui ameutent les gars du Nord, des membres de leurs villages et de leurs tribus, pour s’emparer de la manne pétrolière. Ahmed le déplore. Il souffre de cette ségrégation qui a fait dire au ministre de l’énergie Chakib Khelil, que les jeunes du Sud ne sont pas qualifiés et ne peuvent prétendre donc à des postes de compétence dans les sociétés d’hydrocarbures.
“Je connais un ingénieur, sorti major de promo de l’INH de Boumerdès”, s’élève-t-il dans un sursaut de dignité. Lui emboîtant le pas, ses amis de l’association culturelle de La Casbah reprennent en chœur : “Nous ne sommes pas seulement faits pour servir comme plongeurs ou hommes de ménage dans les bases de vie.” Ingrates, ces corvées constituent néanmoins un privilège pour nombre de leurs congénères. Escroqué et chassé, Djamel, le fantôme du bureau de main-d’œuvre, n’a qu’une seule envie, retourner à Hassi Messaoud, quitte à récurer les toilettes et se faire à nouveau expulsé, sans dommages ni contrepartie. À qui la faute ?
Réunis dans le siège de leur association, au cœur du plus vieux quartier de Ouargla, Ahmed, ses compagnons ainsi que les délégués de plusieurs autres bourgs, ébranlés par les émeutes, ne s’encombrent pas d’états d’âme et de jérémiades. Ils font dire aux chiffres, à des tas de montants, combien la ségrégation et l’exclusion les rongent. “On compte quelque 14 000 chômeurs à Ouargla alors que les sociétés pétrolières recrutent annuellement plus de 20 000 travailleurs”, soutient Moussa.
De l’avis de tous, ces contingents proviennent exclusivement du Nord par l’entremise des sous-traitants qui contractent directement des marchés avec les futurs employeurs. À quoi sert alors le bureau de main-d’œuvre communal ? “Nous nous contentons de recueillir les demandes. Nous les transmettons ensuite à l’Agence nationale de l’emploi (ANEM- antenne régionale) qui se charge de leur satisfaction en cas d’offres éventuelles de sociétés”, explique Djamel Toumi, préposé au bureau de main-d’œuvre de la commune de Ouargla. Employé dans une simple caisse d’enregistrement, notre interlocuteur croule sous les dossiers.
Depuis le début des émeutes, 4 000 dossiers supplémentaires sont entassés sur les étagères. À la porte, de nouveaux venus par dizaines réclament leur part d’espoir. Cette chance se matérialise dans un petit bout de papier qui porte le nom et les qualifications du postulant. “Cela s’appelle un bulletin de recrutement. Il est chèrement payé”, révèle Moussa avec une pointe de résignation dans la voix.
S’apparentant à une promesse d’embauche, ce précieux document coûte, selon lui et de nombreux autres témoignages, une coquette somme de 5 000 dinars, si l’entreprise ciblée est nationale et 8 000 quand il s’agit d’une firme étrangère. “Quelquefois, la somme atteint 10 000 DA” confie-t-on çà et là. Et ce n’est qu’un engagement qui, dans la majeure partie des cas, n’est pas tenu. Car, en plus de l’argent, les infortunés chômeurs doivent faire valoir des appuis de quelques-unes de leurs connaissances foncièrement versées dans le népotisme. Pour autant, ce n’est que rarement gagné. Pour cause. Légalement, les entreprises ne sont aucunement obligées de passer par l’Agence de l’emploi.
Depuis l’ouverture de ce marché au privé et l’autorisation des agences de placement, les grandes firmes, surtout étrangères, se sont tournées vers la sous-traitance. Non seulement, elles sont déchargées d’une fonction encombrante et harassante mais la profusion des agences et la rivalité entre les sociétés d’intérim et les règles de compétitivité leur permettent d’obtenir des marchés à des prix préférentiels. “Cette politique est certes bénéfique pour les contractants - le sous-traitant et son client - mais lèse dûment la main-d’œuvre”, souligne un responsable d’agence. Loin d’être des aveux, les révélations dont notre interlocuteur se fait l’écho impliquent surtout Sonatrach.
Il s’explique : “Le ministère de l’énergie édite régulièrement un bulletin d’appel d’offres et d’avis de recrutement (Baousem) en direction des agences d’intérim. Jusque-là, rien de compromettant. Sauf que la politique qui régit ce genre de démarches favorise la logique du moins-disant. Moins les termes du marché sont onéreux pour la Sonatrach, plus le sous-traitant a la chance de décrocher le contrat”, argue notre interlocuteur. Tout naturellement, une telle approche induit le sacrifice des droits du prétendant à l’emploi. Soucieux de fructifier ses intérêts et garantir une marge bénéficiaire avantageuse, le sous-traitant n’aura aucune peine à rogner sur le salaire de son poulain. “De connivence avec certains gérants d’entreprises nationales affiliées à Sonatrach, certains se débarrassent carrément des charges sociales, au mieux trichent sur le montant des fiches de paie, très souvent en deçà du SNMG.”
“Je rapportais à mon agent 120 000 DA. Il me payait 8 000”, rapporte Ali, ancien manœuvre dans une des zones d’exploration disséminées à travers Hassi-Messaoud. Il y a des sous-traitants qui s’octroient une marge bénéficiaire au-delà de 40 000 DA sur un contrat d’embauche dont le principal concerné peut se retrouver à la porte du jour au lendemain. “Cette pratique est très répandue au sein des sociétés étrangères. Soucieuses de leur bien-être, les autorités algériennes s’abstiennent de les remettre à l’ordre”, soutient la vox populi.
Les entreprises publiques, principalement Sonatrach, sont également à l’abri de la moindre remontrance. “Elles agissent à leur guise et se fichent du code du travail”, martèlent des employés. “C’est entièrement faux”, se défend un responsable des ressources humaines d’une des filiales de la Société nationale des hydrocarbures.
Balayant d’un revers de la main toutes les accusations proférées dans l’anonymat des bureaux et des chantiers, il assure que les travailleurs temporaires, recrutés dans le cadre de la sous-traitance, sont aussi bien lotis que le personnel permanent. “L’administration veille à ce que les règles soient les mêmes pour tous. Tous les employés bénéficient d’une protection sociale. Nous imposons le montant des salaires aux agents d’intérim”, clame-t-il. Sur un tout autre volet relatif à l’exclusion des autochtones des offres d’emploi, le responsable reprend à son compte le discours de son ministre : “Nous n’avons pas tous les profils que nous recherchons”, assène-t-il sans l’ombre d’une hésitation.
(source : Liberté)
“Il me faudra attendre 60 ans pour espérer décrocher un poste”. En ce samedi 13 mars, dans ce petit couloir sombre et étroit de la mairie de Ouargla, les prévisions désastreuses de Djamel tiennent d’un calcul simple : en deux ans, 5 550 demandes d’emploi se sont amoncelées sur les étagères poussiéreuses du bureau de main-d’œuvre communal. Depuis, 218 seulement ont suscité l’attention bienveillante de recruteurs occasionnels qui monnayent leur “générosité” au prix d’une grande illusion et font de l’embauche des autochtones un luxe éphémère. Parqué comme tant d’autres déshérités devant l’entrée de sésame, ce misérable service de l’emploi de l’APC, Djamel désespère de voir les portes du paradis s’ouvrir enfin et les rivières de pétrole couler à ses pieds. Si Dieu lui procure une longue vie ainsi que de la patience, il devra, comme il dit, attendre sans doute soixante ans avant de retourner dans l’éden planté de derricks qu’il a connu naguère. En 1997 pourtant, le pauvre bougre croyait avoir vaincu la fatalité en parvenant au cœur des champs pétrolifères inaccessibles.
À 80 kilomètres de Ouargla, Hassi-Messaoud, ses puits et l’une de ses compagnies prospères l’accueillaient pour un rendez-vous inespéré avec la chance. Par l’intermédiaire d’un sous-traitant, Djamel trouve une place de factotum. Du matin au soir, il est posté devant l’entrée de la direction générale jusqu’au jour, le onzième plus exactement, où il est renvoyé à cause d’une altercation avec un parent du gérant. “En voulant rentrer à l’intérieur du bâtiment pour m’abriter du soleil et de la chaleur, j’ai essuyé les foudres de cet individu qui m’a jeté à la porte”. Reconduit manu militari à la “frontière” du royaume du pétrole, le refoulé en sortira comme il y est entré, uniquement vêtu de ses loques et sans le sou.
Pendant près de deux semaines, il avait travaillé au pays de l’or noir... au noir. Sans trace dans la liste des effectifs de son ancien employeur, Djamel est également inconnu auprès du sous-traitant qui a effacé d’un trait son passage dans ses bureaux et les termes de la transaction dont il fut l’objet. Ni bulletin de paye ni déclaration à la sécurité sociale..., les négociants cupides n’avaient pas de scrupules. Avec la bénédiction et la complicité de commis véreux, ils ont vu en lui un esclave, un de plus, dans la République de la justice sociale où la traite est érigée en principe de rentabilité. Incursion dans le monde de la maffia de la main-d’œuvre. Accusés, dévoilez-vous !
Des “négriers” impunis “Ce sont des négriers !”. Pour le président de la République et son Chef du gouvernement, les coupables à l’origine du mécontentement des jeunes de Ouargla sont les responsables des agences d’intérim. Le verbe haut et la réaction prompte, Bouteflika et Ouyahia ont décidé du gel immédiat de ces entreprises et l’envoi de représentants de la direction nationale de l’emploi et de l’inspection du travail pour veiller à l’instauration d’une plus grande équité et la transparence dans le recrutement. Qu’en est-il de ces mesures ? Leur application réglera-t-elle le problème du chômage dans la wilaya ? Rien n’est sûr !
“La fermeture des agences conduira uniquement à l’augmentation du nombre des sans-emploi. Que deviendra leur personnel et tous ces travailleurs dont ils gèrent les contrats de placement dans les sociétés nationales et étrangères ?”, se demande Ahmed, circonspect. Logiquement, il a tout à gagner de la disparition des sous-traitants, ces “chasseurs de bras, voleurs de pain” qui ameutent les gars du Nord, des membres de leurs villages et de leurs tribus, pour s’emparer de la manne pétrolière. Ahmed le déplore. Il souffre de cette ségrégation qui a fait dire au ministre de l’énergie Chakib Khelil, que les jeunes du Sud ne sont pas qualifiés et ne peuvent prétendre donc à des postes de compétence dans les sociétés d’hydrocarbures.
“Je connais un ingénieur, sorti major de promo de l’INH de Boumerdès”, s’élève-t-il dans un sursaut de dignité. Lui emboîtant le pas, ses amis de l’association culturelle de La Casbah reprennent en chœur : “Nous ne sommes pas seulement faits pour servir comme plongeurs ou hommes de ménage dans les bases de vie.” Ingrates, ces corvées constituent néanmoins un privilège pour nombre de leurs congénères. Escroqué et chassé, Djamel, le fantôme du bureau de main-d’œuvre, n’a qu’une seule envie, retourner à Hassi Messaoud, quitte à récurer les toilettes et se faire à nouveau expulsé, sans dommages ni contrepartie. À qui la faute ?
Réunis dans le siège de leur association, au cœur du plus vieux quartier de Ouargla, Ahmed, ses compagnons ainsi que les délégués de plusieurs autres bourgs, ébranlés par les émeutes, ne s’encombrent pas d’états d’âme et de jérémiades. Ils font dire aux chiffres, à des tas de montants, combien la ségrégation et l’exclusion les rongent. “On compte quelque 14 000 chômeurs à Ouargla alors que les sociétés pétrolières recrutent annuellement plus de 20 000 travailleurs”, soutient Moussa.
De l’avis de tous, ces contingents proviennent exclusivement du Nord par l’entremise des sous-traitants qui contractent directement des marchés avec les futurs employeurs. À quoi sert alors le bureau de main-d’œuvre communal ? “Nous nous contentons de recueillir les demandes. Nous les transmettons ensuite à l’Agence nationale de l’emploi (ANEM- antenne régionale) qui se charge de leur satisfaction en cas d’offres éventuelles de sociétés”, explique Djamel Toumi, préposé au bureau de main-d’œuvre de la commune de Ouargla. Employé dans une simple caisse d’enregistrement, notre interlocuteur croule sous les dossiers.
Depuis le début des émeutes, 4 000 dossiers supplémentaires sont entassés sur les étagères. À la porte, de nouveaux venus par dizaines réclament leur part d’espoir. Cette chance se matérialise dans un petit bout de papier qui porte le nom et les qualifications du postulant. “Cela s’appelle un bulletin de recrutement. Il est chèrement payé”, révèle Moussa avec une pointe de résignation dans la voix.
S’apparentant à une promesse d’embauche, ce précieux document coûte, selon lui et de nombreux autres témoignages, une coquette somme de 5 000 dinars, si l’entreprise ciblée est nationale et 8 000 quand il s’agit d’une firme étrangère. “Quelquefois, la somme atteint 10 000 DA” confie-t-on çà et là. Et ce n’est qu’un engagement qui, dans la majeure partie des cas, n’est pas tenu. Car, en plus de l’argent, les infortunés chômeurs doivent faire valoir des appuis de quelques-unes de leurs connaissances foncièrement versées dans le népotisme. Pour autant, ce n’est que rarement gagné. Pour cause. Légalement, les entreprises ne sont aucunement obligées de passer par l’Agence de l’emploi.
Depuis l’ouverture de ce marché au privé et l’autorisation des agences de placement, les grandes firmes, surtout étrangères, se sont tournées vers la sous-traitance. Non seulement, elles sont déchargées d’une fonction encombrante et harassante mais la profusion des agences et la rivalité entre les sociétés d’intérim et les règles de compétitivité leur permettent d’obtenir des marchés à des prix préférentiels. “Cette politique est certes bénéfique pour les contractants - le sous-traitant et son client - mais lèse dûment la main-d’œuvre”, souligne un responsable d’agence. Loin d’être des aveux, les révélations dont notre interlocuteur se fait l’écho impliquent surtout Sonatrach.
Il s’explique : “Le ministère de l’énergie édite régulièrement un bulletin d’appel d’offres et d’avis de recrutement (Baousem) en direction des agences d’intérim. Jusque-là, rien de compromettant. Sauf que la politique qui régit ce genre de démarches favorise la logique du moins-disant. Moins les termes du marché sont onéreux pour la Sonatrach, plus le sous-traitant a la chance de décrocher le contrat”, argue notre interlocuteur. Tout naturellement, une telle approche induit le sacrifice des droits du prétendant à l’emploi. Soucieux de fructifier ses intérêts et garantir une marge bénéficiaire avantageuse, le sous-traitant n’aura aucune peine à rogner sur le salaire de son poulain. “De connivence avec certains gérants d’entreprises nationales affiliées à Sonatrach, certains se débarrassent carrément des charges sociales, au mieux trichent sur le montant des fiches de paie, très souvent en deçà du SNMG.”
“Je rapportais à mon agent 120 000 DA. Il me payait 8 000”, rapporte Ali, ancien manœuvre dans une des zones d’exploration disséminées à travers Hassi-Messaoud. Il y a des sous-traitants qui s’octroient une marge bénéficiaire au-delà de 40 000 DA sur un contrat d’embauche dont le principal concerné peut se retrouver à la porte du jour au lendemain. “Cette pratique est très répandue au sein des sociétés étrangères. Soucieuses de leur bien-être, les autorités algériennes s’abstiennent de les remettre à l’ordre”, soutient la vox populi.
Les entreprises publiques, principalement Sonatrach, sont également à l’abri de la moindre remontrance. “Elles agissent à leur guise et se fichent du code du travail”, martèlent des employés. “C’est entièrement faux”, se défend un responsable des ressources humaines d’une des filiales de la Société nationale des hydrocarbures.
Balayant d’un revers de la main toutes les accusations proférées dans l’anonymat des bureaux et des chantiers, il assure que les travailleurs temporaires, recrutés dans le cadre de la sous-traitance, sont aussi bien lotis que le personnel permanent. “L’administration veille à ce que les règles soient les mêmes pour tous. Tous les employés bénéficient d’une protection sociale. Nous imposons le montant des salaires aux agents d’intérim”, clame-t-il. Sur un tout autre volet relatif à l’exclusion des autochtones des offres d’emploi, le responsable reprend à son compte le discours de son ministre : “Nous n’avons pas tous les profils que nous recherchons”, assène-t-il sans l’ombre d’une hésitation.
(source : Liberté)
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