En visite de deux jours en Algérie, Jean-François Julliard, secrétaire général de l’organisation Reporters sans frontières (RSF), dresse un tableau peu reluisant de la situation de la liberté de la presse en Algérie.
Il s’indigne notamment du fait que « le journaliste algérien est souvent suspect aux yeux de l’administration » ainsi que de « l’entêtement » du pouvoir algérien de garder le monopole sur le secteur audiovisuel. « Ils ne veulent pas comprendre que la presse libre n’est pas dangereuse pour l’Etat mais que c’est une chance. L’ouverture du paysage audiovisuel n’a jamais abouti à un renversement du pouvoir. Il est irrationnel de vouloir garder le monopole sur ce secteur », nous a expliqué M. Julliard, en visite à la rédaction d’El Watan. Les responsables de RSF comptent profiter de leur séjour à Alger pour faire l’état des lieux de la liberté de la presse en Algérie, d’autant que cela fait huit ans qu’aucune délégation de l’organisation n’y est venue ; le dernier rapport de RSF sur l’Algérie date de l’année 2002. « Il y a besoin de venir constater, de visu, ce qui se passe en Algérie d’autant que beaucoup de choses nous inquiètent », a confié M. Julliard. Les principales préoccupations de RSF tournent autour du verrouillage de l’audiovisuel ainsi que les pressions politiques (Etat) et économiques (annonceurs) exercées sur la presse privée.
J.-F. Julliard porte un regard critique sur l’évolution de la presse privée. « Il y a certes un pluralisme apparent. Il est vrai qu’il y a, dans les kiosques, une abondance de titres de presse. Mais à regarder de plus près, on se rend compte que ces journaux ne sont pas très différents. A quelques exceptions près, il y a peu d’enquêtes et pas de véritable travail d’investigation qui dérangerait le pouvoir », constate-t-il. Le représentant de RSF observe que certains quotidiens algériens travaillent « sur commande ». « Il est inquiétant de voir qu’on se sert des journaux pour régler des comptes. La presse devient ainsi une arme politique pour dire du mal et pour dénigrer », a souligné M. Julliard. Au chapitre de l’accès à l’information, le représentant de RSF, s’appuyant sur les dires des journalistes algériens, dit avoir relevé que « la bureaucratie algérienne n’a rien à envier aux pires années de la bureaucratie soviétique ». « Il est regrettable que les administrations et les ministères n’aient pas pour tradition de transmettre des informations aux journalistes », constate-t-il.
Notre pays n’est pas plus mal loti que ses voisins maghrébins. « L’Algérie se trouve dans une région où il y a beaucoup d’atteintes à la liberté de la presse. La situation de l’Algérie est certes meilleure que celle de la Tunisie et de la Libye, mais elle présente de nombreuses similitudes avec le Maroc. En dépit de quelques ouvertures, il existe, dans les deux pays, de nombreuses procédures judiciaires contre les journalistes. Autre point commun : au Maroc comme en Algérie, il est des lignes rouges qu’il est interdit de franchir. Au Maroc, les journalistes ont beaucoup de peine à s’attaquer au roi. En Algérie, il n’est pas possible de parler aisément de l’armée ainsi que du Président et de son entourage », relève M. Julliard.
Par A. B. EL WATAN 19-10-2009
Il s’indigne notamment du fait que « le journaliste algérien est souvent suspect aux yeux de l’administration » ainsi que de « l’entêtement » du pouvoir algérien de garder le monopole sur le secteur audiovisuel. « Ils ne veulent pas comprendre que la presse libre n’est pas dangereuse pour l’Etat mais que c’est une chance. L’ouverture du paysage audiovisuel n’a jamais abouti à un renversement du pouvoir. Il est irrationnel de vouloir garder le monopole sur ce secteur », nous a expliqué M. Julliard, en visite à la rédaction d’El Watan. Les responsables de RSF comptent profiter de leur séjour à Alger pour faire l’état des lieux de la liberté de la presse en Algérie, d’autant que cela fait huit ans qu’aucune délégation de l’organisation n’y est venue ; le dernier rapport de RSF sur l’Algérie date de l’année 2002. « Il y a besoin de venir constater, de visu, ce qui se passe en Algérie d’autant que beaucoup de choses nous inquiètent », a confié M. Julliard. Les principales préoccupations de RSF tournent autour du verrouillage de l’audiovisuel ainsi que les pressions politiques (Etat) et économiques (annonceurs) exercées sur la presse privée.
J.-F. Julliard porte un regard critique sur l’évolution de la presse privée. « Il y a certes un pluralisme apparent. Il est vrai qu’il y a, dans les kiosques, une abondance de titres de presse. Mais à regarder de plus près, on se rend compte que ces journaux ne sont pas très différents. A quelques exceptions près, il y a peu d’enquêtes et pas de véritable travail d’investigation qui dérangerait le pouvoir », constate-t-il. Le représentant de RSF observe que certains quotidiens algériens travaillent « sur commande ». « Il est inquiétant de voir qu’on se sert des journaux pour régler des comptes. La presse devient ainsi une arme politique pour dire du mal et pour dénigrer », a souligné M. Julliard. Au chapitre de l’accès à l’information, le représentant de RSF, s’appuyant sur les dires des journalistes algériens, dit avoir relevé que « la bureaucratie algérienne n’a rien à envier aux pires années de la bureaucratie soviétique ». « Il est regrettable que les administrations et les ministères n’aient pas pour tradition de transmettre des informations aux journalistes », constate-t-il.
Notre pays n’est pas plus mal loti que ses voisins maghrébins. « L’Algérie se trouve dans une région où il y a beaucoup d’atteintes à la liberté de la presse. La situation de l’Algérie est certes meilleure que celle de la Tunisie et de la Libye, mais elle présente de nombreuses similitudes avec le Maroc. En dépit de quelques ouvertures, il existe, dans les deux pays, de nombreuses procédures judiciaires contre les journalistes. Autre point commun : au Maroc comme en Algérie, il est des lignes rouges qu’il est interdit de franchir. Au Maroc, les journalistes ont beaucoup de peine à s’attaquer au roi. En Algérie, il n’est pas possible de parler aisément de l’armée ainsi que du Président et de son entourage », relève M. Julliard.
Par A. B. EL WATAN 19-10-2009
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