S'exprimant à Alger sur l'affaire du Sahara dans le cadre de sa visite, Nicolas Sarkozy, président la République française, a souligné « qu'elle n'était pas un point de discorde entre l'Algérie et la France ». Si l'on ne prenait pas la peine de lire la déclaration d'un bout à l'autre, si l'on se contentait de cette approximative entrée en matière, cette première phrase eût facilement induit en erreur n'importe quel néophyte pressé, tenté de croire que le président Sarkozy s'alignait sur la position algérienne. En fait, il s'agit de dire que le président Bouteflika respecte bel et bien la position française en la matière, connue publiquement, reconnue par tout le monde et qui tient à une solution consensuelle et politique comme la France l'a de nouveau exprimé au Conseil de sécurité en avril dernier.Nicolas Sarkozy, après son ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, il y a quelques semaines, s'en tient à la ligne tracée depuis quelques années, apparentée au mieux à un soutien discret pour la légalité, au pire à un neutralisme positif.Il a rétorqué d'emblée à la presse algérienne que « franchement, il avait suffisamment de problèmes à régler et qu'il reconnaissait la complexité de cette question ». « L'ONU, a-t-il ajouté, a adopté une résolution qualifiée, y compris par le président Bouteflika, d'intéressante ». Et, comme pour mieux prévenir tout malentendu avec nos confrères algériens, d'ajouter : « Le président Bouteflika m'a dit lui-même qu'il connaissait la position traditionnelle de la France et ne m'a pas demandé d'y renoncer. Il a expliqué avec les arguments qui sont les siens et que je respecte, quelle était la position de l'Algérie. Mais moi, je n'en fais pas un point de discorde entre la France et l'Algérie ». La « position traditionnelle de la France » ! Le président de la République française a livré spontanément les mots-clés d'une vision et l'on ne peut que souscrire à cette volonté proclamée de demeurer fidèle à un choix, celui de la légalité internationale.De plus, ce choix s'inspire d'une sagesse qui constitue depuis des années le credo irréfragable et inviolable jusqu'ici de la diplomatie française. Ce n'est, au demeurant, pas un simple hasard si Nicolas Sarkozy, tout à son irascible inclinaison équilibriste, a assorti sa déclaration sur le Sahara d'une mention sur la nécessité de bâtir le Maghreb. « Ce qui est important, selon lui, c'est que les choses progressent et qu'à un moment ou à un autre l'UMA puisse se faire sur la base d'une entente, naturellement entre le Maroc et l'Algérie. Car on ne peut imaginer le Maghreb sans le Maroc et l'Algérie ». Vision irénique ? Que non, parce que la réalité dans les cœurs et les esprits ne peut jamais être brisée par la Realpolitik qui, elle, phagocyte et prend en otage le rêve des peuples.
Le Matin 11/07/2007
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