Saturday, July 07, 2007

Algérie: Le pétrole, les partis et la facture alimentaire

Il est à craindre que l’embellie financière que nous connaissons en ce moment ne se transforme en cauchemar plus vite qu’on ne le croit. Beaucoup de spécialistes s’accordent à dire que de nombreux paramètres économiques d’aujourd’hui sont identiques à ceux des années 70, notamment en termes d’investissements publics (plus de 50% du PIB). Une comparaison qui ne devrait pas nous inciter à des réjouissances, pour peu que l’on se rappelle la grave crise que nous avons vécue juste après la fin du boom pétrolier. Toute notre aisance, toute notre richesse repose dangereusement sur nos champs pétrolifères. Une énergie non renouvelable dont les estimations les plus optimistes la donnent encore viable pour les 25 années à venir. Ce qui est très court dans la vie d’une nation. Ce qui est trop court pour mettre en place une économie de substitution. Une économie adossée à l’agriculture, au tourisme, aux services ou, pourquoi pas, au savoir comme en Asie.Nous serions de très mauvais élèves si nous ne tirons aucune leçon du déclin de 1986. Pour nous remplir le ventre, la facture alimentaire s’est élevée à 4 milliards de dollars en 2005. Comment aurions-nous fait sans les pétrodollars?C’est ce danger qu’a encore souligné le président de la République dans son discours, à l’occasion du 45e anniversaire de l’indépendance. Tout en précisant, à juste titre d’ailleurs, que c’est l’affaire de tous et qu’il s’agit d’une «responsabilité collective». En effet, nous sommes tous concernés dès lors qu’il s’agit de notre survie, d’une question aussi capitale que celle de ne plus sombrer dans le chaos.Mais, avant d’interpeller le simple citoyen, il est à se demander à quoi servent les partis politiques dans notre pays. Sous d’autres cieux, ce sont eux qui mobilisent, qui canalisent, qui orientent, voire même qui font de l’éducation politique. Chez nous, rien de tout cela. Ni les grands calibres ni les petits sanafirs ne se sentent concernés par l’épée de Damoclès que nous avons au-dessus de nos têtes.C’est face à de tels comportements, à une telle inutilité des partis, que les citoyens se détournent de la chose politique, comme cela a été le cas lors des dernières élections législatives.Le président de la République n’aurait pas dû mettre de gants et citer directement la «responsabilité» des partis politiques dans l’accompagnement du peuple vers la voie de l’après-pétrole. Et si, comme le précise si bien le premier magistrat, «il n’y a pas d’avenir pour un pays où il existe des droits sans devoirs», que dire alors d’un pays qui n’a que des partis de pacotille?
Zouhir MEBARKI 07 Juillet 2007 , L'expression

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