Mohamed Ahmed Bahi a fait paraître la deuxième édition de son livre "Les tombes oubliées, dix ans dans les prisons secrètes du polisario".
L’auteur résume ainsi la teneur de son ouvrage:"Ce n’est là qu’une partie infime d’une réalité: le calvaire douloureux enduré par le passé, et qui perdure, hélas, pour nombre de citoyens et patriotes fiers, parmi les fils des tribus sahraouies, dont le seul tort est leur fidélité à leur patrie, leur attachement à la béïa de leurs ancêtres et leur ardent désir de retourner de plein gré dans leur pays parmi leurs familles".
Dans ce livre-témoignage, s’imbriquent et s’entremêlent les souffrances individuelles et collectives, au point qu’elles deviennent indissociables.
C’est un cri poignant contre la détention arbitraire que l’auteur a atrocement subie durant dix ans, mais aussi contre la main de fer implacable qui enchaîne la volonté de milliers de citoyens empêchés par le glaive de regagner leur mère-patrie. Il s’agit, aussi, d’un cri pathétique contre la détention arbitraire dans les prisons secrètes de l’Algérie, disséminées dans une vaste étendue, du désert du Hoggar au cimetière de Borj Idriss jusqu’au désert de Lahmada de Tindouf, précisément au cimetière de la sinistre prison Arrachid.
L’ouvrage est un véritable plaidoyer en faveur d’une mobilisation accrue afin d’obtenir la libération de ceux qui continuent de subir les affres de l’emprisonnement arbitraire et de l’isolement déshumanisant, qu’ils soient civils ou militaires.
C’est également un appel pressant aux associations de la société civile et aux bénévoles engagés dans l’action citoyenne parmi les fils des provinces sahariennes, pour s’inscrire activement dans des campagnes soutenues et à grande échelle, afin de gagner à leur cause l’opinion publique internationale et exercer toutes les pressions possibles pour obtenir la libération des prisonniers et des séquestrés, et clore ainsi définitivement ce dossier dramatique.
Dans la prison Arrachid à Tindouf, où l’auteur a vécu dix ans de calvaire qui a consumé la fine fleur de son âge, un diktat policier des plus terribles est exercé par l’appareil sécuritaire militaire algérien, loin des regards et au mépris du droit.
Toutes les pratiques de torture et sévices, toutes les formes d’avilissement de l’être humain et de violation des droits de l’homme y ont libre cours, en toute impunité. L’un des mérites de ce livre, et non des moindres, est d’apporter un témoignage relatant les réalités atroces dans cette prison, et les procédés machiavéliques du polisario, qui, pour effacer les traces du crime, s’est vu contraint de fermer cette prison (située à 25 km de Tindouf) et de transférer les prisonniers dans d’autres lieux.
Le supplice subi par l’auteur, lui qui est originaire du Sahara et qui a une parfaite connaissance de ses tribus, de leurs ramifications claniques et des caractéristiques géographiques et ethnographiques de la région, ne l’a pas distrait de la tâche de rapporter dans son livre des éléments d’informations précieux sur le Sahara et ses habitants, et les péripéties chronologiques qui ont jalonné le cheminement de la question du Sahara, de sorte que l’intérêt du lecteur se trouve capté par cette sorte d’encyclopédie mini-format sur la région et les événements qu’elle a connus durant les dernières décennies.
Décliné dans un style narratif dépouillé, et dénotant le savoir d’historien et d’ethnologue de l’auteur, le livre retient l’attention du lecteur, au fil des péripéties douloureuses vécues par l’auteur dans la geôle de Rabouni (25 km à l’est de Tindouf), par la profonde connaissance qu’il a des cinq ramifications claniques des Bouihat (Rguibate).
L’auteur relate le quotidien pitoyable qui est le lot des détenus de cette prison secrète, au point qu’il en était réduit à se délecter de la chair d’iguane (page 125) qui s’avère, en fin de compte, avoir des vertus diététiques pour les diabétiques.
Sa condition dans la tombe-prison interpelle même sa sensibilité poétique à travers l’invocation de la célèbre Qassida du poète Abou Al Alae Al Maârri : "Oh Ami ! Voici nos tombes à".
Mohamed Ahmed Bahi, démontre au passage la vacuité de l’accusation que le polisario a inventée de toute pièce à savoir une prétendue tentative d’éliminer Mohamed Abdelaziz, pour le jeter dans la prison d’Errachid, dont le caractère macabre l’apparente davantage à un caveau plutôt qu’à un pénitencier.
Il raconte cet épisode en substance: "j’étais surpris par cette accusation. En quelques secondes (à. ) toutes mes ressources mentales se sont emballées dans la recherche d’une sortie de ce guet-apens à Une tentative d’assassinat de Mohamed Abdelazizà.un simple électrochoc violent pour faire sensation. (à) Eux-mêmes savent, et moi aussi, que l’accusation ne tient pas la route". (page 21).
"L’accusation n’est rien d’autre qu’une invention d’un cercle de l’appareil de la sécurité militaire algérien, rongé par des luttes intestines, pour se prévaloir d’un soi-disant succès sur d’autres officines du système et, partant, récolter quelques glorioles militaires".
Conjecturant sur les raisons de sa détention, l’auteur développe une analyse pertinente qui pose quatre hypothèses quant aux véritables motifs de l’accusation, portée aussi contre cinq autres compagnons marocains, en concluant que l’assassinat de Mohamed Abdelaziz était bien dans les plans de l’appareil de sécurité algérien, quitte à l’attribuer à autrui, histoire d’écarter du leadership du polisario tout élément à la filiation marocaine connue, au profit d’un agent entièrement servile de la trempe de l’Algérien Mohamed Lamine Ould Bouhali.
Même si l’atmosphère sinistre des prisons du polisario déteint sur le livre, l’auteur ne manque pas de sens de dérision en se gaussant du vil comportement de ses geôliers qui font cause commune avec "les vipères, scorpions et autres insectes nuisibles" pour rendre la vie infernale aux détenus.
Il relève tout aussi pertinemment le paradoxe de l’appellation de la prison Errachid, alors que cette appellation renvoie au nom d’un citoyen sahraoui tué par la bande criminelle de Lahmada, laquelle, pour se dédouaner aux yeux de la famille du martyr, a fait porter son nom à ce sinistre lieu.
Comble de la dérision, le propre frère d’Errachid a été lui-même jeté dans cette prison et y a subi la torture.
Le livre se termine par une lettre ouverte au représentant de la Croix rouge internationale (Tunis) et une autre lettre ouverte à Amnesty International (Londres), accompagnée de la liste des tortionnaires qui ont commis des sévices et des assassinats dans la prison Errachid.
Cette partie intègre également l’intervention de l’auteur devant la IVème commission des Nations Unies à New York, lors du débat sur la question du Sahara, le 11 octobre 1996.
Les trois documents sur lesquels s’achève ce livre-témoignage, ont valeur de manifeste de protestation contre le traitement cruel et inhumain qu’a subi personnellement l’auteur, durant une décennie et que d’autres citoyens sahraouis innocents continuent de vivre au quotidien dans les camps de Tindouf, sans que l’on puisse leur reprocher rien d’autre que la profession de leur marocanité et leur attachement "la mère-patrie".
Ces documents sont aussi autant de témoignages attestant que le droit ne saurait se perdre tant qu’il y a demandeur et que la justice finira par prévaloir pour que les tortionnaires reçoivent le juste châtiment qu’ils méritent et en récoltent l’opprobre à travers l’histoire.
L’auteur nourrit un double espoir qu’il confie à la MAP.
"Je souhaite que le polisario admette que le temps de l’embrigadement des gens, des services secrets et des complots et révolu", dit-il, donnant comme preuve "le retour massif des habitants des camps et le ralliement à la patrie de tous les chioukhs de tribus, sans exception", sans compter "le nombre impressionnant d’hommes, de femmes et d’enfants qui ont rejoint l’Espagne, fuyant les camps de Tindouf".
Son deuxième souhait, poursuit-il, "est que les autorités algériennes comprennent et respectent notre désir, en tant que citoyens sahraouis marocains, et notre volonté de mettre un terme à ce conflit et oeuvrer pour l’édification de l’union maghrébine, rêve de tous les peuples de la région".
Il assure, d’autre part, trouver consolation dans le fait que "nombre de de ceux qui ont partagé avec lui le calvaire dans les camps ont eu connaissance de son récit et y ont retrouvé, décrite, en toute véracité et objectivité, leur tragédie".
Et M. Bahi de souligner que la deuxième édition du livre a été publiée au moment où le Maroc s’apprêtait à présenter son projet d’autonomie au Sahara qui représente la voie salutaire pour sauver les séquestrés dans les camps et clore définitivement ce dossier, dans la préservation de l’intégrité territoriale du Royaume.
Le livre de 232 pages, se subdivise en deux parties. La première traite de la période allant du 7 février 1987 à mai 1996 et la deuxième aborde la période juillet 1989-mai 1996.
Mohamed Ahmed Bahi est l’auteur de plusieurs ouvrages notamment "La dernière bataille de la libération au Sahara marocain" et "La marche verte" et du roman "Beit An-Nar" (Maison de feu).
Par Saïd Rifai Rabat
L’auteur résume ainsi la teneur de son ouvrage:"Ce n’est là qu’une partie infime d’une réalité: le calvaire douloureux enduré par le passé, et qui perdure, hélas, pour nombre de citoyens et patriotes fiers, parmi les fils des tribus sahraouies, dont le seul tort est leur fidélité à leur patrie, leur attachement à la béïa de leurs ancêtres et leur ardent désir de retourner de plein gré dans leur pays parmi leurs familles".
Dans ce livre-témoignage, s’imbriquent et s’entremêlent les souffrances individuelles et collectives, au point qu’elles deviennent indissociables.
C’est un cri poignant contre la détention arbitraire que l’auteur a atrocement subie durant dix ans, mais aussi contre la main de fer implacable qui enchaîne la volonté de milliers de citoyens empêchés par le glaive de regagner leur mère-patrie. Il s’agit, aussi, d’un cri pathétique contre la détention arbitraire dans les prisons secrètes de l’Algérie, disséminées dans une vaste étendue, du désert du Hoggar au cimetière de Borj Idriss jusqu’au désert de Lahmada de Tindouf, précisément au cimetière de la sinistre prison Arrachid.
L’ouvrage est un véritable plaidoyer en faveur d’une mobilisation accrue afin d’obtenir la libération de ceux qui continuent de subir les affres de l’emprisonnement arbitraire et de l’isolement déshumanisant, qu’ils soient civils ou militaires.
C’est également un appel pressant aux associations de la société civile et aux bénévoles engagés dans l’action citoyenne parmi les fils des provinces sahariennes, pour s’inscrire activement dans des campagnes soutenues et à grande échelle, afin de gagner à leur cause l’opinion publique internationale et exercer toutes les pressions possibles pour obtenir la libération des prisonniers et des séquestrés, et clore ainsi définitivement ce dossier dramatique.
Dans la prison Arrachid à Tindouf, où l’auteur a vécu dix ans de calvaire qui a consumé la fine fleur de son âge, un diktat policier des plus terribles est exercé par l’appareil sécuritaire militaire algérien, loin des regards et au mépris du droit.
Toutes les pratiques de torture et sévices, toutes les formes d’avilissement de l’être humain et de violation des droits de l’homme y ont libre cours, en toute impunité. L’un des mérites de ce livre, et non des moindres, est d’apporter un témoignage relatant les réalités atroces dans cette prison, et les procédés machiavéliques du polisario, qui, pour effacer les traces du crime, s’est vu contraint de fermer cette prison (située à 25 km de Tindouf) et de transférer les prisonniers dans d’autres lieux.
Le supplice subi par l’auteur, lui qui est originaire du Sahara et qui a une parfaite connaissance de ses tribus, de leurs ramifications claniques et des caractéristiques géographiques et ethnographiques de la région, ne l’a pas distrait de la tâche de rapporter dans son livre des éléments d’informations précieux sur le Sahara et ses habitants, et les péripéties chronologiques qui ont jalonné le cheminement de la question du Sahara, de sorte que l’intérêt du lecteur se trouve capté par cette sorte d’encyclopédie mini-format sur la région et les événements qu’elle a connus durant les dernières décennies.
Décliné dans un style narratif dépouillé, et dénotant le savoir d’historien et d’ethnologue de l’auteur, le livre retient l’attention du lecteur, au fil des péripéties douloureuses vécues par l’auteur dans la geôle de Rabouni (25 km à l’est de Tindouf), par la profonde connaissance qu’il a des cinq ramifications claniques des Bouihat (Rguibate).
L’auteur relate le quotidien pitoyable qui est le lot des détenus de cette prison secrète, au point qu’il en était réduit à se délecter de la chair d’iguane (page 125) qui s’avère, en fin de compte, avoir des vertus diététiques pour les diabétiques.
Sa condition dans la tombe-prison interpelle même sa sensibilité poétique à travers l’invocation de la célèbre Qassida du poète Abou Al Alae Al Maârri : "Oh Ami ! Voici nos tombes à".
Mohamed Ahmed Bahi, démontre au passage la vacuité de l’accusation que le polisario a inventée de toute pièce à savoir une prétendue tentative d’éliminer Mohamed Abdelaziz, pour le jeter dans la prison d’Errachid, dont le caractère macabre l’apparente davantage à un caveau plutôt qu’à un pénitencier.
Il raconte cet épisode en substance: "j’étais surpris par cette accusation. En quelques secondes (à. ) toutes mes ressources mentales se sont emballées dans la recherche d’une sortie de ce guet-apens à Une tentative d’assassinat de Mohamed Abdelazizà.un simple électrochoc violent pour faire sensation. (à) Eux-mêmes savent, et moi aussi, que l’accusation ne tient pas la route". (page 21).
"L’accusation n’est rien d’autre qu’une invention d’un cercle de l’appareil de la sécurité militaire algérien, rongé par des luttes intestines, pour se prévaloir d’un soi-disant succès sur d’autres officines du système et, partant, récolter quelques glorioles militaires".
Conjecturant sur les raisons de sa détention, l’auteur développe une analyse pertinente qui pose quatre hypothèses quant aux véritables motifs de l’accusation, portée aussi contre cinq autres compagnons marocains, en concluant que l’assassinat de Mohamed Abdelaziz était bien dans les plans de l’appareil de sécurité algérien, quitte à l’attribuer à autrui, histoire d’écarter du leadership du polisario tout élément à la filiation marocaine connue, au profit d’un agent entièrement servile de la trempe de l’Algérien Mohamed Lamine Ould Bouhali.
Même si l’atmosphère sinistre des prisons du polisario déteint sur le livre, l’auteur ne manque pas de sens de dérision en se gaussant du vil comportement de ses geôliers qui font cause commune avec "les vipères, scorpions et autres insectes nuisibles" pour rendre la vie infernale aux détenus.
Il relève tout aussi pertinemment le paradoxe de l’appellation de la prison Errachid, alors que cette appellation renvoie au nom d’un citoyen sahraoui tué par la bande criminelle de Lahmada, laquelle, pour se dédouaner aux yeux de la famille du martyr, a fait porter son nom à ce sinistre lieu.
Comble de la dérision, le propre frère d’Errachid a été lui-même jeté dans cette prison et y a subi la torture.
Le livre se termine par une lettre ouverte au représentant de la Croix rouge internationale (Tunis) et une autre lettre ouverte à Amnesty International (Londres), accompagnée de la liste des tortionnaires qui ont commis des sévices et des assassinats dans la prison Errachid.
Cette partie intègre également l’intervention de l’auteur devant la IVème commission des Nations Unies à New York, lors du débat sur la question du Sahara, le 11 octobre 1996.
Les trois documents sur lesquels s’achève ce livre-témoignage, ont valeur de manifeste de protestation contre le traitement cruel et inhumain qu’a subi personnellement l’auteur, durant une décennie et que d’autres citoyens sahraouis innocents continuent de vivre au quotidien dans les camps de Tindouf, sans que l’on puisse leur reprocher rien d’autre que la profession de leur marocanité et leur attachement "la mère-patrie".
Ces documents sont aussi autant de témoignages attestant que le droit ne saurait se perdre tant qu’il y a demandeur et que la justice finira par prévaloir pour que les tortionnaires reçoivent le juste châtiment qu’ils méritent et en récoltent l’opprobre à travers l’histoire.
L’auteur nourrit un double espoir qu’il confie à la MAP.
"Je souhaite que le polisario admette que le temps de l’embrigadement des gens, des services secrets et des complots et révolu", dit-il, donnant comme preuve "le retour massif des habitants des camps et le ralliement à la patrie de tous les chioukhs de tribus, sans exception", sans compter "le nombre impressionnant d’hommes, de femmes et d’enfants qui ont rejoint l’Espagne, fuyant les camps de Tindouf".
Son deuxième souhait, poursuit-il, "est que les autorités algériennes comprennent et respectent notre désir, en tant que citoyens sahraouis marocains, et notre volonté de mettre un terme à ce conflit et oeuvrer pour l’édification de l’union maghrébine, rêve de tous les peuples de la région".
Il assure, d’autre part, trouver consolation dans le fait que "nombre de de ceux qui ont partagé avec lui le calvaire dans les camps ont eu connaissance de son récit et y ont retrouvé, décrite, en toute véracité et objectivité, leur tragédie".
Et M. Bahi de souligner que la deuxième édition du livre a été publiée au moment où le Maroc s’apprêtait à présenter son projet d’autonomie au Sahara qui représente la voie salutaire pour sauver les séquestrés dans les camps et clore définitivement ce dossier, dans la préservation de l’intégrité territoriale du Royaume.
Le livre de 232 pages, se subdivise en deux parties. La première traite de la période allant du 7 février 1987 à mai 1996 et la deuxième aborde la période juillet 1989-mai 1996.
Mohamed Ahmed Bahi est l’auteur de plusieurs ouvrages notamment "La dernière bataille de la libération au Sahara marocain" et "La marche verte" et du roman "Beit An-Nar" (Maison de feu).
Par Saïd Rifai Rabat
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