Quasiment à quelques heures d'intervalle, deux personnalités françaises viennent de déclarer leur soutien à une solution politique négociée au problème du Sahara. Si elles ne sont pas du même bord politique – puisqu'il s'agit du président de la République, Jacques Chirac, et de Jack Lang, ancien ministre et l'une des figures emblématiques du Parti socialiste –, leurs propos traduisent, c'est le moins que l'on puisse dire, une relative convergence sur la question. Tous deux connaissent bien le Maroc et y séjournent régulièrement, ils sont familiers de son peuple et suivent sa marche vers la démocratie et le développement.Jacques Chirac vient de qualifier de « constructif le projet d'autonomie dans les provinces du Sud du Royaume et du plan qui l'accompagne ». Jack Lang, quant à lui, souligne tout à la fois la complexité du problème sur les plans « politique et juridique » et la nécessité « d'une solution acceptable par les uns et les autres » sous l'égide des Nations unies.Par quelque aspect que l'on prend les deux déclarations, le président français et le porte-parole de la candidate socialiste à la présidence, se rejoignent. Aussi – diplomatie et obligation de réserve obligent chez Jack Lang –, son propos pèche par la nuance mais s'inscrit dans le droit-fil de la légalité. Il faut souhaiter cependant qu'il puisse trouver un prolongement favorable chez Mme Ségolène Royal . Car celle-ci, prenant le contre-pied des positions officielles du gouvernement français, s'est faite fort d'exprimer lundi sur la chaîne « Canal+ » sa détermination à rétablir, si jamais elle venait à être élue, de « bonnes relations d'amitié avec l'Algérie ». Porteur d'un message de Ségolène Royal au président Abdelaziz Bouteflika, Jack Lang – et le contraire eut été surprenant – s'est fait interpeller lors de sa conférence de presse par deux journalistes algériens sur le Sahara marocain. Sa réponse s'inspire de la raison, à tout le moins du réalisme qui articule la politique des Etats. L'Establishment français, fût-il de droite ou de gauche, connaît fort bien le dossier du Sahara, il ne saurait occulter la coresponsabilité de la France et de l'Espagne dans la décolonisation douloureuse des provinces du Sud marocain. Celle-ci a été arrachée – cas singulier dans l'histoire – par étapes et non d'un seul tenant : Tarfaya, Sidi Ifni, Sakia al-Hamra et Oued Eddahab enfin, abstraction faite de territoires du sud-est marocain comme Tindouf, purement et simplement annexés à l'Algérie en juillet 1962. La gauche et la droite françaises ne peuvent pas ne pas être sensibles à une injustice historique – et territoriale – faite au Maroc. Elles doivent, on ne peut que s'en féliciter, raison garder et contribuer à une solution de dialogue, consensuelle et définitive au Sahara. Le Maghreb et l'Europe y gagneront manifestement.
(le matin 06/02/2007)
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