L'«incendie» ne s'éteint pas en Algérie. Les affrontements entre manifestants et forces de l'ordre ont repris, hier, dans la plupart des grandes villes du pays.
Le pouvoir est déconnecté de la dure réalité sociale de la population. Il ne réagit que lorsqu'il y a de la casse!»Difficile pour ce jeune participant aux émeutesde donner entièrement tort aux commerçants clandestins qui les ont déclenchées pour protester contre la décision des autorités d'interdire la vente sur les trottoirs.«Le pouvoir veut lutter contre le commerce informel, c'est une bonne chose, mais il doit d'abord offrir du travail aux jeunes», dit-il. «La mal vie et la misère»Devant le commissariat de police du quartier populaire de Bab el Oued, d'où est partie la contestation, des familles de jeunes arrêtés tiennent un rassemblement pour exiger la libération de leurs enfants.«Les vrais casseurs n'ont pas été arrêtés. Nos enfants ont voulu protester contre la mal vie et la misère», affirme une femme, venue apporter de la nourriture à son fils de 18 ans en garde à vue. Rumeurs de pénurieDe fait, les émeutes qui se sont poursuivies, hier, pour le troisième jour, sont devenues le moyen préféré de la population pour exprimer son ras-le-bol de la cherté de la vie. La hausse des prix, notamment sur le sucre et l'huile, s'est accompagnée de la pénurie de lait et de la rareté de la farine, sur fond de rumeurs sur le retour massif des pénuries de produits alimentaires. Et pas seulement à Alger, où les affrontements ont repris, en fin d'après-midi, dans les quartiers Belcourt, au centre-ville, et Bordj el Bahri, à l'est. À Bejaia, en Kabylie, les manifestants ont fermé plusieurs routes. À Annaba, épargnée jusqu'à présent par la contestation, de violents incidents ont éclaté après la grande prière. À Oran, deuxième ville du pays, une marche de protestation a été entamée dans le centre-ville, bouclée par d'importantes forces de police. Les manifestants ont commencé à brûler les poubelles, les pneumatiques usagés et à casser les abris des arrêts de bus. À l'est des affrontements ont aussi éclaté à Tebessa, ville toute proche (50 km) de la Tunisie, elle-même déchirée par des tensions sociales très vives depuis trois semaines. Des protestations sans banderoles ni leader qui n'ont pas fait de mort, mais des dégâts matériels importants. «C'est le peuple qui va payer» À Oran, la police a reçu l'instruction de ne pas intervenir, laissant la rue aux émeutiers, qui brûlent et saccagent les édifices publics. Elle a toutefois renforcé sa présence, notamment autour des maisons des hauts responsables de l'État. Lors de la grande prière hebdomadaire, les imams d'Algérie ont appelé au calme. «La sérénité et le calme sont de grandes grâces d'Allah. Il faut les préserver», a lancé un prédicateur dans un sermon retransmis en direct par la radio nationale. L'imam, dont l'identité n'a pas été précisée, suit dans son discours une ligne définie par le ministère des Affaires religieuses car en Algérie l'islam est religion d'Etat. Les Algérois sont partagés sur les émeutes et la casse.«Je suis contre la destruction, c'est le peuple qui va payer après les réparations. On peut revendiquer pacifiquement les choses», affirme un commerçant. La France a appelé hier ses ressortissants résidant ou voyageant en Algérie à observer des mesures de précaution. Près de 35.000 Français sont recensés en Algérie dont 90% de binationaux.
Ali Idir avec AFP
Le pouvoir est déconnecté de la dure réalité sociale de la population. Il ne réagit que lorsqu'il y a de la casse!»Difficile pour ce jeune participant aux émeutesde donner entièrement tort aux commerçants clandestins qui les ont déclenchées pour protester contre la décision des autorités d'interdire la vente sur les trottoirs.«Le pouvoir veut lutter contre le commerce informel, c'est une bonne chose, mais il doit d'abord offrir du travail aux jeunes», dit-il. «La mal vie et la misère»Devant le commissariat de police du quartier populaire de Bab el Oued, d'où est partie la contestation, des familles de jeunes arrêtés tiennent un rassemblement pour exiger la libération de leurs enfants.«Les vrais casseurs n'ont pas été arrêtés. Nos enfants ont voulu protester contre la mal vie et la misère», affirme une femme, venue apporter de la nourriture à son fils de 18 ans en garde à vue. Rumeurs de pénurieDe fait, les émeutes qui se sont poursuivies, hier, pour le troisième jour, sont devenues le moyen préféré de la population pour exprimer son ras-le-bol de la cherté de la vie. La hausse des prix, notamment sur le sucre et l'huile, s'est accompagnée de la pénurie de lait et de la rareté de la farine, sur fond de rumeurs sur le retour massif des pénuries de produits alimentaires. Et pas seulement à Alger, où les affrontements ont repris, en fin d'après-midi, dans les quartiers Belcourt, au centre-ville, et Bordj el Bahri, à l'est. À Bejaia, en Kabylie, les manifestants ont fermé plusieurs routes. À Annaba, épargnée jusqu'à présent par la contestation, de violents incidents ont éclaté après la grande prière. À Oran, deuxième ville du pays, une marche de protestation a été entamée dans le centre-ville, bouclée par d'importantes forces de police. Les manifestants ont commencé à brûler les poubelles, les pneumatiques usagés et à casser les abris des arrêts de bus. À l'est des affrontements ont aussi éclaté à Tebessa, ville toute proche (50 km) de la Tunisie, elle-même déchirée par des tensions sociales très vives depuis trois semaines. Des protestations sans banderoles ni leader qui n'ont pas fait de mort, mais des dégâts matériels importants. «C'est le peuple qui va payer» À Oran, la police a reçu l'instruction de ne pas intervenir, laissant la rue aux émeutiers, qui brûlent et saccagent les édifices publics. Elle a toutefois renforcé sa présence, notamment autour des maisons des hauts responsables de l'État. Lors de la grande prière hebdomadaire, les imams d'Algérie ont appelé au calme. «La sérénité et le calme sont de grandes grâces d'Allah. Il faut les préserver», a lancé un prédicateur dans un sermon retransmis en direct par la radio nationale. L'imam, dont l'identité n'a pas été précisée, suit dans son discours une ligne définie par le ministère des Affaires religieuses car en Algérie l'islam est religion d'Etat. Les Algérois sont partagés sur les émeutes et la casse.«Je suis contre la destruction, c'est le peuple qui va payer après les réparations. On peut revendiquer pacifiquement les choses», affirme un commerçant. La France a appelé hier ses ressortissants résidant ou voyageant en Algérie à observer des mesures de précaution. Près de 35.000 Français sont recensés en Algérie dont 90% de binationaux.
Ali Idir avec AFP
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