L'opposition algérienne appelle à une nouvelle marche dans les rues d'Alger le 19 février. Samedi, 2 000 personnes ont été empêchées de manifester par un important dispositif de sécurité. Les opposants interpellés ont été libérés dimanche.
Par Ahmed TAZIR , correspondant en Algérie (vidéo)
Dépêche (texte)
AFP - Déterminée à parvenir à un changement de régime en Algérie dans la foulée des révolutions de Tunisie et d'Egypte, l'opposition algérienne a annoncé dimanche une nouvelle marche le 19 février à Alger, après celle "positive", selon elle, de samedi.
"La Coordination nationale vient de finir une réunion et a décidé d'organiser une marche samedi prochain à Alger", a déclaré à l'AFP un membre de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie, Me Moustepha Bouchachi, président de la Ligue algérienne des droits de l'Homme (LADDH).
Le lieu de rendez-vous sera le même, a précisé Me Bouchachi, confirmant des informations qui circulaient dès dimanche sur une possible nouvelle marche la semaine prochaine.
Les défilés sont interdits à Alger, dans le cadre de l'état d'urgence déclaré dans le pays en 1992 et renforcé dans la capitale en 2001.
Celle qu'elle avait organisée samedi à partir de la Place du 1er mai devait mener sur environ 4 km vers la Place des Martyrs dans le vieil Alger. Ses centaines de participants avaient été bloqués par un important dispositif estimé à quelque 30.000 policiers qui ont procédé à de brèves interpellations -14 selon le ministère de l'Intérieur, 300 selon l'opposition-.
Dès samedi, un des fondateurs de la CNDC, Fodil Boumala, tout juste sorti du commissariat de police qui l'avait interpellé pendant la manifestation, avait donné le ton: "Ce n'est qu'un début", avait-il clamé.
"C'est parti pour le changement", titrait dimanche le quotidien libéral Liberté, très favorable comme une bonne partie de la presse algérienne, à des changements politiques.
Coup du hasard, cette manifestation pourtant programmée le 21 janvier lors de la constitution de la CNCD, a eu lieu au lendemain de la démission du président égyptien Hosni Moubarak sous la pression populaire et un mois après la fuite du président tunisien Zine el Abidine Ben Ali chassé par la vindicte de son peuple.
Dimanche, le CNDC a jugé la marche de samedi "positive" et "dénoncé et condamné le comportement brutal des forces de sécurité ainsi que les interpellations de leurs militants", selon un porte-parole, Khalil Moumène.
"Toutes les personnes interpellées ont été libérées à notre connaissance", a-t-il dit.
"Les gens ont bravé l'interdiction pour venir manifester pacifiquement" et ont tenu plusieurs heures, a-t-il également noté en se référant au refus opposé par la wilaya d'Alger à cette marche en vertu d'une disposition en vigueur depuis 2001.
Selon M. Moumène, pas moins de "5.000 personnes" ont participé à cet événement. Un décompte des journalistes estimait à 2.000 environ le nombre de participants, tandis que le ministère de l'Intérieur annonçait 25O manifestants.
Une manifestation du parti d'opposition Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD), maintenant membre de la CNCD, le 22 janvier à Alger avait été étouffé dans l'oeuf. Ses militants n'avaient même pas pu rejoindre la Place du 1er mai et avaient été bloqués au siège du parti par un important dispositif policier.
Depuis des mois, de petites manifestations et émeutes émaillent ce pays richissime en hydrocarbures, aux réserves bancaires évaluées officiellement à 155 milliards de dollars et à la classe politique éclaboussée par des scandales de corruption.
L'Algérie est gouvernée depuis l'indépendance en 1962 par un régime largement soutenu par les militaires malgré de timides ouvertures à une démocratisation. Son président, Abdelaziz Bouteflika, est au pouvoir depuis 12 ans.
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